Trois jours avant la présidentielle américaine, Alassane Ndiaye étonnait le monde avec sa célèbre tribune : « La victoire de Trump est certaine et même souhaitable. » Le commun des mortels a dû rire sous cape. « Cette  fois-ci, notre célèbre chroniqueur se Trump à vue d’œil !  » Le 5 novembre, la prophétie se réalise. Envers et contre tous. Donald triomphe et balise la voie vers  la Maison Blanche qu’il occupera tranquillement à partir du 20 janvier 2025 à midi, 17 h à Washington.

Apparemment, l’universitaire d’origine sénégalaise fonde son optimisme pour Trump sur une  étude scientifique de dernière génération. « Ma lecture de l’actualité aux États-Unis, dans ce contexte de course à la Maison Blanche, est claire et sans ambiguïté.  Donald Trump est l’homme de la situation. Il incarne un discours simple et compréhensible, certes d’un niveau intellectuel bien inférieur à celui des élites dirigeantes, tant américaines qu’ailleurs. En français facile : un discours passe-partout…Il est manifeste que les débats idéologiques traditionnels sont inaudibles pour la jeunesse d’aujourd’hui. Malheureusement, cette génération ne se nourrit que de slogans et de clichés, préférant tout ce qui est court et facile à digérer, comme les contenus sur TikTok, plutôt que des discours version « intellos » qui les ennuient royalement. L’équipe de Trump a parfaitement saisi que, de nos jours, une campagne se gagne à coups de messages simples mais percutants. Slogans, vidéos courtes et audios sont désormais des outils essentiels. En résumé, il s’agit de frapper fort et rapidement, peu importe la véracité ou l’exactitude des messages…»

Le verdict des urnes est sans appel, sans pitié aussi. Sonné à souhait, le monde s’effondre, pour parler comme Chinua Achebe. A peine ferme-t-on l’œil, que l’on se réveille groggy.  Descartes y laisserait toute sa récolte et tout son latin. Donald Trump est président des États-Unis. La toile s’affole. Elle a l’idée saugrenue de « le faire frapper fort sur les Africains » comme s’il n’existait pas suffisamment d’Européens, d’Ukrainiens, d’Arabes, d’Iraniens, de Chinois, de Latinos : « Je n’ai pas besoin de vous harceler comme les présidents français le font disant que la France-Afrique est terminée, pourtant ils continuent à vous envoyer les faux touristes qui vous espionnent et reviennent leur dire comment il faut vous recoloniser… Si après 50 ans d’indépendance, vous n’avez pas construit les infrastructures nécessaires pour votre peuple, êtes-vous des humains? Si vous vous asseyez sur l’or, le diamant, le pétrole, le manganèse, l’uranium… et que vos populations n’ont pas à manger, êtes-vous des humains? Si pour rester au pouvoir, vous n’hésitez pas à acheter des armes chez les étrangers pour tuer vos propres concitoyens, êtes-vous des humains? Si votre seul projet social est de rester au pouvoir à vie, êtes-vous des humains? Si vous méprisez et vous abattez vos propres citoyens comme des gibiers, qui va les respecter? »

Nul besoin d’être un limier du web pour déceler le faux dans ce texte prétendument signé de Donald Trump. Le Président élu des États-Unis ne peut en aucun cas consacrer les premières minutes de son règne au dernier continent de la planète, comme si le temps n’était pas de l’argent. Ce texte n’est pas de lui. Il a été publié sous Trump 1 par « le Club Mediapart » très différent de Mediapart, comme on le sait. Trump n’est pas payé pour connaitre si l’Africain est humain. S’il avait demandé si vous êtes utiles à l’Amérique, on aurait mieux compris.

Diallo Souleymane