En Guinée, à chaque régime son slogan pour embobiner le populo. Celui-ci qui a plus d’une fois donné au continent succombe à la « logique du fou », de la légende : une fois un homme dérangé indexe le soleil. Les siens se réjouissent, se disent qu’il est en train de recouvrer la santé mentale. Puis, il indique un deuxième soleil, et ils se disent qu’ils sont allés trop vite en besogne.
La planète a salué la Guinée, qui en 1958, opta pour l’indépendance nationale quand les autres peuples francophones déroulaient le tapis rouge au colon. En 2007, les Guinéens se distinguent, ils font plier l’officier aux commandes, qui doit faire avec son homo Lansana Kou-raté.
Plus tard, les observateurs estiment que le Printemps arabe – et le spectre de bidon d’essence qui hantait tous les raïs – s’est inspiré de la révolte, d’autres diront de la révolution guinée-haine. Mais une chose est de commencer l’œuvre, l’autre de la terminer. Sept ans après les Guinéens, les Burkinabés iront jusqu’au bout, le médiateur dans une posture de médiation. Ce qui nous ramène à notre éternel et implacable destin et ses corollaires d’occasions manquées.
Parmi nos slogans creux, Simandou vision 2040. Les nouveaux princes qui nous goubernent semblent s’inspirer des méthodes et pratiques récentes. Avec lesquelles ils nous tympanisent : c’est le nouveau mirage. Et l’échéance choisie n’est pas anodine. Comme ceux qui disaient hier de laisser le pro-fossoyeur terminer son travail, les mêmes thuriféraires nous promettent que dans 16 ans, la Guinée sera un paradis sur terre !
L’idée est simple : laisser le nouveau Timonier régner pendant les 16 prochaines années pour transformer notre misère en opulence. L’émissaire du CNRD a promis monts et merveilles à la Guinée forestière lors de sa récente tournée fort semblable à celle qu’un autre officier avait effectuée dans cette région en 2009. Mais à la différence près, on n’a pas (jusque-là) entendu : « Dombouya ou la mort ».
Ces promesses ne sont pas sans rappeler l’histoire de la Guinée de ces 14 dernières années. Nouvellement élu, le Prési Grimpeur brandit le fameux PPTE usurpé comme un trophée de guerre. Pour ses partisans, l’opposant historisque vient de réussir là où tous les autres ont échoué. Surtout ses bêtes noires, les anciens Premiers ministres. Réussir à sortir son pays parmi les plus pauvres très endettés était un exploit pour la Guinée. Tout un exploit.
Les années passent, les retombées du PPTE se font attendre. Le doute s’installe. Ebola vient au secours du régime. La meilleure excuse pour justifier la contreperformance de l’élu. Mais Ebola ne pouvait pas être l’éternel auteur de la chaotique gouvernance. Il fallait encore plus d’espoir.
Ce fut l’Accord-cadre avec la Chine. Cette fois, et en prélude aux échéances électorales futures, le régime et ses courtisans nous font miroiter une bagatelle de 20 milliards de dollars pour le financement des infrastructures. Paradoxalement, le peu que le pays possédait continuaient à se dégrader : ponts effondrés par-ci, routes coupées par-là. Encore une fois, la promesse n’engage que ceux qui y croient. Comme pour voler au secours de la contreperformance du leader du RPG, Corona pointe du nez.
Sachant que seules les têtes ont changé au Palais comme l’atteste le retour des anciens qui jurent sur le Coran et la Bible de faire aujourd’hui ce qu’ils n’ont pas fait hier, le nouveau prince a trouvé le slogan magique : Simandou vision 2040. La nouvelle baguette magique, grâce à laquelle la Guinée sera bientôt un Eldorado.
Pendant ce temps, l’orgueil du peuple du 28-Septembre est profondément atteint. La délocalisation des matches de football de notre digne équipe nationale dans le pays de feu Nana Boigny et de son successeur ADO tend à donner raison à ceux qui soutiennent bêtement que le vote négatif du 28 septembre 1958 n’a servi qu’à instaurer une oligarchie prédatrice. Si, en soixante-six ans d’indépendance, la Guinée n’a aucun stade de football homologué, c’est tout simplement parce que le néo colonialisme ne l’a pas voulu. Ce n’est pas la conséquence de 66 années de mensonges, de détournements de deniers publics, de délation et de la promotion de la médiocrité.
Le seul moyen de mettre fin à cette calamité nationale, c’est d’opérer une rupture radicale avec le passé : arrêter une fois pour toutes de dire une chose et de faire le contraire ; mettre en œuvre le slogan « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Le jour où la Guinée joindra l’acte à la parole, le pays se portera mieux.
Habib Yembering Diallo