Le procès de Bamba Bakary Gamalo a repris le 26 novembre au tribunal de Première instance de Kaloum. L’audience est consacrée aux réquisitions et plaidoiries. Le journaliste risque un an d’emprisonnement.
En détention depuis mi-octobre dernier, Bamba Bakary Gamalo sera bientôt fixé sur son sort. Trimballé en justice par Francis Kova Zoumanigui, président de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief, est jugé pour « atteinte à la vie privée ». L’audience du 26 novembre a tourné autour des plaidoiries et réquisitions.
Dans leurs plaidoiries, les avocats du plaignant se sont évertués à démontrer que le prévenu s’est rendu au domicile de leur client dans le but de le nuire et de salir sa vie professionnelle. Pourtant, rappelle maître Michel Tagbino, Francis Kova Zoumanigui prenait Gamalo comme son frère. Le prévenu aurait alors cherché à tirer cette ficelle pour atteindre son but. L’avocat invoque comme argument, le fait que l’accusé ait tenté de « soutirer clandestinement des informations à Francis Kova Zoumanigui sur les affaires Rémy Lamah et Pépé Célestin Bilivogui », alors qu’il avait sollicité le rendez-vous avec le juge pour lui parler de ses problèmes financiers. L’avocat estime que des gens tapis dans l’administration et dans le secteur judiciaire en voudraient au président de la Crief et utiliseraient Gamalo pour l’atteindre. La partie civile demande au juge de retenir le prévenu dans les liens de la prévention. Au titre de dommages, elle réclame le paiement d’un franc symbolique, parce que « le prévenu a fini par avouer la faute et demander pardon. »
Le parquet, lui, n’y va pas de main morte. Il veut voir Bamba Bakary Gamalo rester davantage à la Maison centrale, pour « qu’il serve d’exemple à d’éventuels candidats. Bakary Gamalo Bamba a terni l’image d’un homme dont l’honnêteté n’est plus à démontrer ». Pour la répression, le ministère public requiert la condamnation du septuagénaire à un an d’emprisonnement dont 6 mois assortis de sursis : « Cette peine est proportionnelle à la forfaiture que le prévenu a commise ».
La défense estime que le plaignant a dramatisé l’affaire pour se faire remarquer. Pour Me Hawa Béavogui, présenter son client comme quelqu’un qui cherchait à nuire au juge serait une façon de sortir l’affaire de son contexte : « Le plaignant et le prévenu entretiennent des relations familiales… Pourquoi mon client va chercher à le nuire, et pour qui ? » s’interroge l’avocate, qui révèle que son client était dans un état second au moment des faits. Elle sollicite du tribunal de larges circonstances atténuantes, en le condamnant à une simple amende : « Le condamner à de la prison ferme serait le détruire. Ne le détruisez pas, c’est un délinquant primaire. »
L’affaire est renvoyée au 2 décembre, pour le délibéré.
L’affaire a éclaté début octobre dernier. Bakary Gamalo Bamba, directeur de publication du bimensuel Le Baobab, appelle Francis Kova Zoumanigui, patron de la CRIEF, demande à la rencontrer pour lui faire cas de ses problèmes financiers. Le magistrat l’invite à la maison. Mais très vite, le tête-à-tête tourne au vinaigre. Gamalo, à la place de ses problèmes, cherche des informations sur l’affaire Rémy Lamah, pendante devant la Chambre des appels de la Crief. Il lui demande aussi des renseignements sur les circonstances du décès du colonel Pépé Célestin Bilivogui. Ses questions ont éveillé les soupçons chez un des fils du magistrat. Ils ont contraint le prévenu à déverrouiller son téléphone. Ils découvrent que Gamalo était en train d’enregistrer la conversation. Il dit avoir été molesté avant d’être jeté en prison.
Yacine Diallo