Après le drame survenu dimanche 1er décembre au stade du 3 avril de Nzérékoré lors de la finale du tournoi doté du trophée Mamadi Doumbouya, les réactions fusent de partout. L’ancien président guinéen, Alpha Condé, et plusieurs autres acteurs politiques guinéens ont déploré la tragédie qui a couté la vie à 56 personnes, selon un bilan officiel provisoire.
Alpha Condé, dans un communiqué publié ce lundi matin, demande à ce que justice soit faite et que les responsabilités soient situées. Lors de cette finale, qui a opposé Labé à Nzérékoré, des bousculades ont dégénéré en tragédie. Un bilan officiel provisoire lu à la RTG (télévision publique) par le ministre de la Communication, Fana Soumah, fait état de 56 morts.
« Les événements qui se sont déroulés dans le stade de Nzérékoré, où plusieurs dizaines de nos concitoyens ont perdu la vie, sont d’une gravité inacceptable », réagit sur Facebook l’ancien président de la République exilé à Istanbul (Turquie). Il pointe une organisation « irresponsable et un manque de préparation adéquate. Il est crucial que justice soit faite et que toute la lumière soit portée sur les circonstances exactes de cette tragédie. Nous tenons à rappeler que la sécurité des citoyens doit être une priorité absolue pour tous les organisateurs d’événements de grande envergure. Il est de notre devoir de tenir responsables les organisateurs de ce tournoi pour leur négligence qui a conduit à une telle perte de vies. Tandis que des restrictions sévères sont maintenues sur les manifestations et les rassemblements, y compris ceux liés au sport, il est impératif que nous examinions la manière dont cet événement a été planifié et exécuté ».
L’opposition met en cause le pouvoir
D’autres opposants à la junte au pouvoir ont également emboité le pas à Alpha Condé. L’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie formée autour de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), un parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo, met en cause le pouvoir : « Le CNRD, et en particulier le Général Mamadi Doumbouya, ainsi que tous ceux qui œuvrent à violer cet engagement en commettant un parjure, portent une lourde responsabilité dans ces graves événements. Ils devront en répondre devant le peuple de Guinée », a déploré l’ANAD, dans une déclaration publiée le lendemain du drame, 2 décembre. « Nous invitons les populations à tirer toutes les leçons de cette tragédie de trop, survenue inutilement, et à se mobiliser comme un seul homme pour sauver notre nation en cette phase critique de son histoire », renchérit le même communiqué.
Pour le jeune leader du Mouvement démocratique libéral (Model), ces événements tragiques « interpellent notre solidarité aux victimes et nos interrogations sur les responsabilités du drame. C’est regrettable de voir autant de nos jeunes compatriotes mourir dans des conditions aussi dramatiques lorsque nous savons que des mesures anticipatives peuvent toujours permettre d’éviter ce type d’incident. » Aliou Bah s’indigne que l’événement sportif ait été organisé « en violation flagrante du communiqué du CNRD interdisant les manifestations de soutien de quelque nature que ce soit, y compris les événements sportifs. »
Alors que la junte au pouvoir a interdit toute manifestation, des tournois de football en soutien aux idéaux du CNRD et du président Mamadi Doumbouya sont organisés dans plusieurs villes de l’arrière-pays et la capitale Conakry. Réagissant sur sa page Facebook, le président de la transition a présenté ses condoléances aux Guinéens et promis des enquêtes pour situer les responsabilités. Il a dépêché à Nzérékoré, chef-lieu de la Guinée forestière (région du sud-est) le chef du gouvernement, Bah Oury.
Souleymane Bah