La polémique autour de l’expulsion des Sierra-Léonais de la Guinée est loin de retomber. Le 21 décembre, cette actualité a focalisé l’attention à l’assemblée générale hebdomadaire de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG. Kalémodou Yansané, un des vice-présidents du parti, a condamné la méthode utilisée par les autorités guinéennes.
Le déguerpissement des zones considérées par le parquet général près la Cour d’appel de Conakry comme criminogènes se poursuit à Conakry. L’opération vise à débarrasser la capitale du grand banditisme. Mais la procédure agace jusque dans les QG des acteurs politiques. L’UFDG de Cellou Dalein Diallo déplore certes la consommation de la drogue, mais condamne la façon dont ont été traités certains déguerpis: «Nous condamnons toute forme de consommation de drogue. La drogue continue à dépraver les jeunes, alors qu’ils constituent l’avenir du pays. Nous condamnons avec la même énergie tout traitement de dossier par les moyens non conformes à la loi. Lorsque vous arrêtez des présumés consommateurs de drogue, qu’ils soient Guinéens ou Sierra-Léonais, vous devez les présenter à un juge. Celui-ci examinera leur cas, s’il trouve qu’ils sont fautifs, il les condamnera. Mais vous ne pouvez pas rafler les gens sans discernement et les expédier à la frontière, pour dire renter. Ce n’est pas juste. Ce sont des Africains, pour la plupart des Guinéens », déplore ce cadre du parti. Et de préciser : « Si vous expulsez un étranger, la réciprocité s’applique. Le monde est devenu interdépendant ».
Des Guinéens vivant en Sierra-Léone ont échappé de justesse à une expulsion la semaine dernière. Entre les 15 et 19 décembre, les forces de l’ordre de ce pays étaient à leur trousse. Histoire de leur faire payer ce qui s’est passé en Guinée : « Après cette action, nous avons reçu des plaintes de nos compatriotes qui souffrent des conséquences que les Sierra-Léonais ont vécu ici en Guinée. Ce n’est pas le gouvernement léonais qui ordonne la réciprocité, les citoyens léonais l’ont décidé eux-mêmes ». Des deux côtés, le mal est fait.
Souleymane Bah