Le 21 décembre, des membres du Comité exécutif de la Fédération guinéenne de football ont dénoncé la décision du président de l’institution d’installer « unilatéralement » les ligues régionales. Ils accusent Aboubacar dit Bouba Sampil d’adopter un « comportement irresponsable », annonçant que sa décision est « nulle et de nul effet ».

La vie de Bouba Sampil au sein de la Féguifoot est loin d’être un long fleuve tranquille. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne soit confronté à un problème. Alors qu’il a toujours du mal à se sortir de la polémique liée à la nomination de trois membres de l’instance, Bouba Sampil récidive. Il valide les listes des membres des ligues régionales de football et ordonne leur installation. Sa décision a eu le don d’ulcérer les membres du Comité exécutif. 5 des 8 des membres du Comex rejettent les nominations faites par leur mentor : « La décision de nomination des membres des bureaux des ligues régionales de football prise par le président du Comité Exécutif est nulle et de nul effet, car elle est illégale et usurpe les compétences exclusives du Comité Exécutif », lit-on dans leur déclaration.

Les membres du Comex reprochent à la décision de Sampil de n’avoir pas suivi le circuit normal, à savoir le Comité exécutif : « Cette compétence revient exclusivement au Comité exécutif et non au président. » Les frondeurs demandent aux responsables du football à l’intérieur du pays de ne pas tenir compte de la décision : « Nous appelons tous les acteurs du football, au niveau des régions et des préfectures, à faire preuve de vigilance et à ne pas céder au désordre orchestré par le président. Nous exhortons au strict respect des textes réglementaires qui régissent le fonctionnement de nos instances ». Ces membres du Comex qui avaient pourtant participé activement à l’élection du président de la Fédé, l’accusent de tous les péchés d’Israël : indiscipline administrative, absence prolongée des réunions statutaires du Comité exécutif, dysfonctionnement persistant au sein du Comex. La liste n’est pas exhaustive. Ils promettent à leur tour d’installer très prochainement « les bureaux des ligues régionales aux règles en vigueur et dans le respect des statuts de la Fédération guinéenne de football.»

Bouba Sampil, de crise en crise

Outre ce bras de fer avec les membres de la Fédé, Bouba Sampil doit éteindre d’autres incendies. Depuis fin novembre dernier, maints reports du démarrage du championnat national Ligue 1 Guicopres ont été enregistrés. La Féguifoot et la Ligue guinéenne de football professionnelle, LGFP,n’ont pas encore fini de payer l’argent des clubs, pour la saison passée. 12 des 14 clubs refusent de jouer sans leur argent. Or, le sponsor officiel, l’entreprise Guicopres n’aurait pas encore versé même un franc aux autorités sportives. Elle-même, en froid avec la Fédé, voudrait des garanties pour lâcher son argent. Les menaces brandies par le président de la LGFP n’ont pour le moment rien changé.

L’autre corde au cou de Bouba Sampil, est le problème de dette. Il le suivrait partout. Le président de la Féguifoot est englué dans une affaire de dette de plus de 90 000 dollars. Il aurait pris à crédit un luxueux véhicule chez un opérateur économique nommé Tahirou Barry. Ce dernier a fait des mains et des pieds, pour recouvrer son argent. Sans succès. Voilà déjà près d’une année qu’il se fait rouler dans la farine. Il a saisi la justice. Et Bouba Sampil s’est fait prendre devant la Primature le 19 décembre et conduit au Haut-commandement de la gendarmerie, dit-on, avant d’être mis à la disposition de son avocat. Il s’y est rendu de nouveau le 23 décembre, pour répondre à la plainte déposée contre lui.

Dans ln comme dans l’autre cas, Bouba Sampil n’a pas la tête qu’au football.

Yacine Diallo