Le 15 janvier, la phase des débats s’est achevée dans le dossier opposant l’État guinéen à Ibrahima le Cas-Sorry Fofana. Le chapitre se referme sans que l’ancien Premier ministre ne vienne se défendre à la barre de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. Une défense qui risque fort de lui coûter de la quinine.
C’est la dernière étape avant le prononcé de la décision. Le juge Lansana Soumah qui a remplacé Yagouba Conté s’est résolu à avancer pour que le dossier Cas-Sorry Fofana, pendant par devant la Crief, depuis bientôt trois ans, connaisse son épilogue. Lui dont la récusation par la défense n’a pas prospéré, va faire sans la déposition du prési du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel. Il a clos les débats, ordonné les plaidoiries et les réquisitions. L’ultime phase avant l’arrêt.
Seulement voilà, depuis le début du procès devant la Chambre de jugement, le Cas-Sorry Fofana a opté pour une ligne de défense bien ficelée, ses avocats (sans vinaigrette) ont bien joué le jeu, du moins jusque-là. Mais là, le ponte du RPG et sa défense se prennent les pieds dans le tapis. Ils n’ont pratiquement plus aucune porte, ils se dirigent tout droit vers la condamnation. Le Cas-Sorry n’a plus la possibilité de venir se défendre, sauf si le juge décide de rapporter sa décision et de rouvrir les débats. Ce qui est inimaginable à ce stade, vu la tension entre les parties et la pression que le parquet spécial mène derrière.
Comparaître, de l’humiliation ?
Ibrahima Cas-Sorry Fofana, avant même l’ouverture de son procès, avait juré de ne jamais accepter de se faire juger par un parquet spécial, géré par un certain Aly Touré qu’il accusait « d’incompétence, d’insuffisance professionnelle et haine » à son encontre. Des proches du Cas-Sorry ont juré qu’on ne verrait jamais l’ancien Premier ministre se faire débarquer d’une fourgonnette de la justice devant une salle d’audience. A leurs yeux, cela constituerait de l’humiliation pour lui. Le prévenu et la défense se sont ensuite accrochés à l’ordonnance de mise en liberté, prise en sa faveur par la Chambre de contrôle de l’instruction et l’arrêt rendu en sa faveur par la Cour de justice de la Cédéao. Ils ont exigé l’exécution de deux décisions avant tout procès. Puis, vient se greffer à la procédure cette histoire de maladie. Le Cas-Sorry a boudé les audiences au motif qu’il ne peut pas se tenir debout. Le prévenu exige alors une autorisation d’aller se soigner à l’étranger, avant de revenir répondre aux accusations de la Crief. On connaît la suite.
A l’issue de la décision du juge d’ordonner l’ouverture des plaidoiries et réquisitions, ses avocats (sans vinaigrette) semblaient perdus, dépassés par la tournure des évènements : « La fin des débats sans les débats ? », s’étonnait maître Sidiki Bérété, le 15 janvier. L’avocat prédit l’apocalypse pour la justice guinée-haine : « Il n’y a plus de justice en Guinée, celle-ci est au service de la transition. C’est un jour sombre. »
Désormais, Ibrahima Cas-Sorry Fofana n’a plus que deux possibilités. Attendre son procès en appel pour venir se défendre, puisqu’il sera certainement condamné ou croiser les doigts et prier pour que la loi, que lui-même avait rejetée au profit de l’ordre, triomphe sur les considérations politiques qui guident les pas des autorités de la transition.
Yacine Diallo