Dans la foulée du retrait de l’avocat (sans vinaigrette) Mohamed Traoré du CNT, les Forces vives de Guinée ont appelé leurs représentants à déserter les institutions de la transition, afin de contraindre le CNRD à rendre le pouvoir. L’appel semble, pour le moment, tomber dans des oreilles de sourds et cache mal une sorte de cacophonie au sein de la coalition.

Depuis le 31 décembre 2024, le CNRD a perdu toute légitimité aux yeux des Forces vives de Guinée. Cette coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile considère que les bidasses au trône doivent immédiatement débarrasser le plancher, après l’expiration des 36 mois (durée de la transition) convenus, sous la bénédiction de la CEDEAO.

Par voie de conséquence, et pour accentuer la pression, les FVG ont rappelé leurs membres. Dans leur déclaration publiée le 15 janvier, la coalition appelle ses « représentants à se retirer immédiatement de toutes les institutions de la Transition. »

La jurisprudence Mohamed Traoré

« Toutes les institutions de la transition », l’expression a laissé plus d’un observateur perdu. Au lendemain de la démission de l’avocat (sans vinaigrette) Mohamed Traoré, celle des représentants des FVG au Conseil national de transition était attendue. Mais les Forces vives ont-elles des représentants dans d’autres institutions, hormis le CNT ? Les réponses divergent.

L’Union des forces démocratiques de Guinée considère que la déclaration ne vise pas que ceux qui siègent au CNT. Souleymane Souza Konaté, coordinateur adjoint de la Cellule de Com de l’UFDG parle de « certains qui ont bénéficié de la confiance » du Chef de la junte, mais qui se réclament toujours de l’UFDG. Se gardant de les nommer, il estime « qu’ils se reconnaîtront. »

Le RPG est formel : il n’a que Sayon Mara au CNT. « C’est le seul membre du parti dans une institution, nous n’avons désigné personne d’autre », clarifie Marque (déposée) Yombouno. Même situation à l’Union des forces républicaines. Faux-dé Baldé, chargé de Com du parti du Sid Touré, déclare qu’il n’y a aucune raison de penser que l’UFR ait accepté de désigner des gens à des postes nominatifs. Oublie-t-il Alpha Sous-mât alias Bill de Sam, le ministre périmé de la Culture ?

Mais à qui fait donc allusion la déclaration des FVG ? « A nos représentants au CNT », coupe court Marque (déposée) Yombouno.

Langue de bois

Les jours passent, l’appel des Forces vives de Guinée reste lettre morte. Leurs représentants se gardent catégoriquement de dire s’ils comptent démissionner. Ils jouent malicieusement la montre. Même si l’UFDG se dit convaincue que son représentant finira par jeter l’éponge. Mamadou Fadia Baldé aurait donné sa parole. Joint par notre rédaction, l’intéressé entretient le flou : « Je n’ai pris aucune décision d’abord. J’aviserais quand une décision sera prise ».

Situation tendue au RPG, où le conseiller, Sayon Mara, lui aussi reste énigmatique : « Tant que tes actes sont en parfaite harmonie avec ta conscience, sois tranquille », a-t-il posté au lendemain de la déclaration des FVG. Le parti de l’ex-président Alpha Grimpeur n’a pas l’air très optimiste de voir le CNTêtard obéir. « Il y restera en tant que citoyen, pas au nom du RPG », met en garde Marc Yombouno.

Quant à Ahmed Tidiane Sylla, l’UFR ignore sa décision. Le concerné dit être en deuil et refuse d’évoquer pour le moment le sujet. Comme pour dire qu’il est plus facile de quitter les bancs de l’opposition que de renoncer aux sièges douillets et aux honoraires en millions de francs glissants du CNT. 

Yacine Diallo