Du 26 au 28 février 2025, le sommet « Finance en Commun » s’est tenu à Cape Town, en Afrique du Sud, sous la présidence de Rémy Rioux, Directeur de l’Agence Française de Développement (AFD), devant un parterre de 2 500 sommités. La présence de 350 invités d’honneur étoffait la galerie. Tout ce beau monde qui grouille dans la sphère de la finance internationale est réuni là pour tenter d’envisager les réponses idoines à l’évolution du système de financement de l’aide publique au développement en relation avec la nouvelle écologie de celle-ci. Déjà des paradigmes ont été préalablement adressés et soumis à la perspicacité de la pléiade rassemblée à Cape Town. On note parmi les thématiques privilégiées le climat, l’équité entre hommes et femmes, la croissance verte, les droits humains, les questions de liberté, etc. L’appui financier aux domaines de concentration de l’aide est assuré par des centaines d’institutions qui font des prêts et/ou investissent, d’où l’intérêt de la coopération financière internationale pour booster le développement. Aussi, le sommet de Cape Town vise à intéresser les banques nationales de développements qui participent à la transformation des économies de leurs pays.

Le total de l’aide publique au développement a atteint, en 2024, 225 milliards de dollars dont 40% ont été assurés par les Etats-Unis. Quant à la France, son intervention dans l’aide publique au développement s’élève à 15 milliards d’euros en 2024 et réduite de 2 milliards d’euros dans le budget de 2025. L’aide française est considérée dans certains milieux français, notamment l’Extrême droite (Rassemblement national), comme obscure, ubuesque ou obsédée par le genre. Même du côté des Etats bénéficiaires, le financement de l’aide a souvent fait l’objet de critiques acerbes. Dans son ouvrage « L’aide fatale », l’économiste zambienne, Dambisa Moyo, démontre que l’aide publique favorise la corruption, ralenti la croissance et l’appropriation nationale des principaux leviers de développement.

 La présence de 529 banques publiques de développement à ce sommet témoigne de l’ampleur et de la solennité de l’événement. L’écologie de l’aide qui s’est imposée au lendemain de la décolonisation s’est essoufflée et est menacée à présent de disparition. Deux événements intervenus en 2024, sur fond de guerre russo-ukrainienne apparaissent comme des catalyseurs de cette dynamique. Lors des élections européennes de 2024, l’Extrême droite hostile à l’aide publique au développement, fait des scores positifs historiques dans presque tous les Etats. De retour aux affaires, le républicain Donald Trump, soucieux de réduire les dépenses fédérales, démantèle l’Agence Américaine pour le développement (USAID) qu’il qualifie de budgétivore, d’inefficace et quasiment d’inutile pour les Etats-Unis. Dans le cas spécifique de la France, face aux difficultés de faire voter le budget 2025 qui ont emporté son prédécesseur Michel Barnier, le Premier Ministre, François Bayrou, a raboté ce budget d’environ 2 milliards d’euros au titre de l’aide au développement.

Ces deux décisions annoncent des lendemains peu reluisants de l’aide au développement ayant pourtant connu des moments de gloire. Dans le contexte de dénégation de l’efficacité et de la transparence du financement de l’aide, tous les discours s’écroulent. Repenser et reconstruire le concept deviennent incontournables. Dans cette perspective, les paradigmes d’investissement solidaire et durable séduisent déjà les experts en financement du développement.  

Abraham Kayoko Doré