Cela fera bientôt un an que ces radios et télés privées sont contraintes au silence, suite à un bras de fer qui les opposait au général Mamadi Doumbouya. Suspendues dans un premier temps, leurs agréments respectifs ont été par la suite retirés le 21 mai 2024, par arrêté du ministre de l’Information et de la communication, Fana Soumah, qui signait ainsi son baptême de feu.
Des pourparlers engagés notamment par le syndicat de la presse et les associations patronales laissaient à espérer un dénouement heureux. Mais le temps passe, le silence demeure.
Le Premier ministre, qui avait hérité du dossier, semblait faire de sa résolution une priorité. Interpellé lors de sa conférence de presse animée le 5 mars à Camayenne Plage, Bah Oury a plutôt invité à voir le verre à moitié pleine. « Depuis que des décisions ont été prises contre trois médias, le gouvernement apparaît comme opposé à la presse, s’étonne le chef du gouvernement. Or, lorsque vous faites le bilan de tout ce qui a été fait pour l’écosystème de la presse de manière générale, ou à titre individuel l’implication des journalistes dans des centres de décisions de l’État, c’est sans commune mesure avec tout ce qui s’est fait durant toutes les années antérieures. Quelqu’un qui n’aime pas la presse aurait cherché à l’étouffer totalement. Les Maisons de la presse de Kankan, Nzérékoré, Kindia et Mamou ont été mises en place sur décision présidentielle. »
« Des médias moins politisés »
Poursuivant, le conférencier est finalement revenu sur la fermeture des médias privés réputés critiques envers le pouvoir. « J’avais dit à la presse lorsqu’ils ont refusé la main tendue au mois de mai de l’année dernière : ceux qui refusent d’aller dans le sens du changement vont disparaître de par leurs propres fautes », martèle Bah Oury. « Et j’ai dit aux journalistes : il y a un espace à prendre, renchérit-il. Mais cet espace doit correspondre à la prise en compte que les paradigmes ont changé. Ceci est valable pour la presse, pour la politique et pour la vision qu’on a de la société guinéenne. Lorsqu’on promeut le changement, il y a toujours une évolution à double vitesses. Certains regardent par le rétroviseur en se disant ce qu’il y avait hier, c’est ce qu’on doit poursuivre. Et ceux qui veulent aller de l’avant vont utiliser les nouvelles opportunités pour se développer. »
Comme pour dire que la page Espace et Djoma FM et TV, FIM FM est tournée, le Premier ministre se félicite du statuquo : « La presse actuelle, les médias qui sont sur le bouquet Canal, je pense qu’il y a un certain nombre avec une vision nouvelle, des innovations, avec des médias moins politisés…C’est ce que nous voulons. Il en est de même de la société. Nous ne voulons pas d’une société sectaire. Nous voulons une société ouverte, qui brasse les idées venant d’un peu partout, qui s’assied sur une pleine conscience de son identité et de ses intérêts. »
Une sortie qui annihile tout espoir de voir les médias fermés rouvrir sous la transition.
DL