Le 4 mars, le monde entier a célébré la Journée internationale de lutte contre l’obésité. Enfin, presque tout le monde… Parce qu’en Guinée, être bien en chair n’est pas une maladie, c’est une bénédiction ! Ici, plus on est lourd, plus on inspire le respect. Une femme mince ? Malade ou affamée. Un homme maigre ? Certainement en manque de moyens. Nos critères de beauté défient les médecins, les nutritionnistes et même la logique universelle : une silhouette généreuse est la preuve ultime d’un bon traitement, Wallahi !
C’est décidé, je ne me fatiguerai plus. Ma future femme sera une obèse certifiée ! Ainsi, belle-maman et beau-papa n’auront aucun doute sur ma capacité à nourrir leur fille. D’ailleurs, qui a chanté « Mon mari est bien nourri » déjà ? Ce n’est sûrement pas une Guinéenne, sinon le titre aurait été « Mon mari est bien engraissé ». Parce qu’ici, pas question de lutter contre l’obésité, on la célèbre avec fierté. On Chen fout !
Mes amis, voyez par vous-mêmes ! Bah Oury a pris du poids. Et en Guinée, prendre du poids, c’est un signe de prospérité. Alors, forcément, il doit bien se porter… tout comme ses promesses électorales ! Il l’a encore martelé avec sérieux : en 2025, nous aurons toutes les élections possibles et imaginables ! Référendum, municipales, législatives, présidentielle… Bref, une orgie démocratique ! Sauf que pour l’instant, il nous manque juste trois petits détails : un fichier électoral, une Constitution définitive et un recensement général. Rien de bien grave, hein ! Juste les bases de toute élection. Hé kéla !
Mes amis, on parle de recensement comme on parle d’un mythe. Un jour, j’ai reçu un numéro pour l’enrôlement. Depuis, c’est devenu un sport. À chaque appel, la réponse est toujours la même, prononcée par une voix féminine bien nourrie : « Le numéro de votre correspondant est éteint, veuillez rappeler plus tard. » J’ai insisté. Rien à faire. J’en suis venu à une conclusion logique : soit les recenseurs sont des fantômes, soit ils ont été recensés eux-mêmes comme « disparus ». En attendant, nous, on patiente… ou on prend du poids, histoire de rester dans le ton.
Si le PM parle beaucoup, le prési, lui, se distingue par son mutisme stratégique. Le silence du Général est plus bruyant que tous les haut-parleurs de Dixinn réunis. Il ne parle pas, il ne promet rien, il ne menace personne… et pourtant, tout le monde l’écoute ! C’est un vrai chef d’orchestre qui dirige sans lever la baguette. Mais alors, pourquoi tant de mystère ? On ne sait pas s’il se tait parce qu’il médite, s’il attend le bon moment pour parler, ou s’il nous laisse juste mariner dans notre propre curiosité comme une bonne soupe kandia bien épicée. En attendant, les mouvements de soutien poussent comme des champignons. Il y a des comités, des synergies, des dynamiques, des plateformes… même les chats de Gnaari Wada se sont réunis en congrès extraordinaire pour contribuer à sa caution électorale.
Mon Général, vous êtes devenu une légende vivante, hein ! Quel est donc votre secret ? Est-ce dans votre régime alimentaire ? On a connu Sékou Touré et son tô sans sel, Fory Coco et son barabara avec konkoye, Alpha Grimpeur et ses sandwichs BLT. Mais vous ? Wallahi, personne ne sait ce que vous mangez. Vous mangez, au moins ? Parce que si c’est un jeûne mystique qui attire tous ces gens vers vous, on veut aussi la recette ! Nous, on est fatigués de lutter, on va se rendre. On va capituler comme des poules devant des grains de riz. Après tout, dans ce pays, mieux vaut suivre la vague que d’essayer de nager à contre-courant.
Nous, Guinéens, on est pauvres, mais on est fiers, hein ! On a cette capacité unique à être sans rien et à en rire. Vous avez déjà vu un Guinéen déprimer parce qu’il n’a pas de voiture ? Non, il s’en fout, il est heureux avec ses deux pieds ! On n’a peut-être pas de toilettes à l’intérieur, mais au moins on a l’extérieur, et l’air frais, c’est gratuit. La pauvreté ici, c’est presque une tradition, un héritage, une sorte de badge d’honneur qu’on porte comme une médaille. Mais bon, au fil du temps, on a appris à rire de tout ça. Et à force de rires, de petites combines et de « ça va aller », on est devenus résilients… ou peut-être juste résignés. Quoi qu’il en soit, on avance, parce qu’au fond, à part la galère, on n’a rien d’autre à perdre ! À fakoudou !
Sambégou Diallo
Billet
M’Mah m’a dit…
« Fils, arrête de regarder la Guinée comme un mauvais film. Oui, on est parfois perdus dans les scénarios, mais tu vois, on a toujours ce générique à la fin qui nous dit que tout est possible. »
Elle a éclaté de rire et a ajouté : « Ne t’inquiète pas pour demain, ce pays c’est comme un vieux vélo. Il grince, il roule lentement, mais il roule toujours. On n’a pas encore de moteur, mais on a l’énergie.»
M’Mah a raison : la Guinée, c’est pas fini tant qu’on pédale !
Sambégou