Le retour aux affaires du tonitruant et belliqueux Président américain, Donald Trump, et la guerre russo-ukrainienne, semblent remettre en cause l’ordre politique, économique et culturel qui a régi le monde depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, en 1945.
En effet, les politiques agressives et la rhétorique peu amène et, de surcroît, provocatrice de Trump, ont mis en émoi le monde entier et ébranlé la confiance des uns dans les autres. Les relations internationales en pâtissent. Les visées expansionnistes de Trump sur le Canada et le Groenland ainsi que son approche des relations entre l’Amérique et l’Union Européenne agacent ses partenaires traditionnels outre-Atlantique.
Il les presse de contribuer davantage au budget de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique nord). En l’absence d’un tel effort, il menace purement et simplement de priver l’organisation des ressources américaines, autrement dit, retirer le parapluie américain qui protège l’Europe en matière de défense aussi bien sur le plan dissuasif que celui défensif.
Triste perspective
Cette triste perspective n’enchante guère les dirigeants européens. Toutefois, elle a eu le mérite et la force persuasive de les secouer et de les interpeller sur la problématique de leur défense par eux-mêmes. Or, depuis des décennies, les Européens avaient totalement abandonné entre les mains des Américains cette lourde charge régalienne. Ils avaient peu dépensé pour leurs défenses. La proportion des défenses militaires dans le budget des différents Etats était insignifiante.
Face à la décision imprévisible de Trump de les abandonner en rade, les Européens revenant à la réalité, constatent l’écart abyssal entre leurs besoins réels de dépenses militaires et leurs capacités effectives à financer ce gap. C’est donc dans la précipitation et l’impréparation qu’ils entreprennent la recherche des solutions efficaces et efficientes. Les rencontres entre ministres et les sommets de chefs d’Etat se multiplient pour évaluer la situation et en tirer les conséquences à court, moyen et long terme. C’est le branle-bas de combat à la Commission de l’Union Européenne, les états-majors des armées, les ministères de la Défense et les Chancelleries. L’Europe envisage d’assumer désormais ses responsabilités et d’assurer sa défense et sa sécurité. Avec ou sans les Etats-Unis.
Alliance de circonstance ?
Concomitamment à ses affabulations contre l’UE et à sa condescendance contre Zelensky et son pays, Trump affiche ostentatoirement ces nouvelles amitiés avec Poutine. Il montre sans ambiguïté ses préférences pour le Tsar rouge sur lequel il ne tarit pas d’éloges. Face au monde entier, Il sermonne et rabroue le président Ukrainien venu signer à la Maison Blanche, un accord sur l’exploitation de minerais ukrainiens. La girouette de Trump et son rapprochement de Poutine est un retournement spectaculaire d’alliance. En effet, la vieille alliance entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest est fondée sur des convergences politiques, idéologiques, économiques et culturelles qui ont généré des solidarités désormais perçues comme naturelles, donc solides et résilientes.
Il est donc pertinent de s’interroger sur la durabilité, voire la pérennité de l’alliance entre les Etats-Unis capitaliste et la Russie socialo-communiste. Cette alliance construite sur des facteurs conjoncturels et non structurels résistera-t-elle aux vicissitudes et aux caprices des hommes ? Rien n’est moins sûr ! Pendant des décennies, tout au long de la Guerre froide, les Etats-Unis et la défunte Union soviétique, dont la Russie est l’héritière, ont été des supers puissances rivales, se défiant sur tous les terrains, dans tous les secteurs (militaire, politique, idéologique, économique, culturel). Cette confrontation, parfois féroce, a laissé des stigmates indélébiles. Leur alliance actuelle n’est-elle donc pas de circonstance ? Tout simplement. Survivra-t-elle aux effets Trump et à la guerre en Ukraine ?
Abraham Kayoko Doré