Plus de dix jours après le tir à l’école privée Sainte-Marie de Nongo, les plombs de la cartouche ne sont toujours pas extraits des corps des victimes. Le tireur, Bangaly Camara et son père, proprio de l’arme, sont inculpés de « détention illégale d’arme » par le tribunal pour enfants.

Le 11 mars, Bangaly Camara, élève de 12 années à l’école privée Sainte-Marie de Nongo, a ouvert le feu avec un pistolet de fabrication artisanale en classe, blessant ses camarades Fatoumata Tigui Diallo et Alhassane Barry. Depuis, les victimes naviguent entre le Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Donka et leurs domiciles. Leur état tarde à s’améliorer, selon les témoignages des familles. Les toubibs n’auraient toujours pas extrait les plombs du thorax et de l’abdomen de Fatoumata Tigui Diallo, ainsi que de la main d’Alhassane.

Selon Amadou Lamarana Barry, père de celui-ci, l’intervention chirurgicale n’a pas permis d’améliorer l’état des blessés. Son fils saigne : « La doleur persiste et le sang continue de couler lors du pansement. C’est quand il prend les produits que la douleur se calme ».

Si la balle est extraite, Alhassane Barry risquerait sa main. « Les médecins disent qu’ils ne peuvent pas extraire la balle car elle est logée au niveau des nerfs. Si on l’enlève, le petit risquerait d’avoir une paralysie de la main. Ils disent qu’ils ne prendront pas ce risque. Ils nous ont prescrits des produits afin qu’au fil du temps, la balle s’extrait d’elle-même ».

L’administration de l’école Sainte-Marie s’est engagée à supporter les dépenses liées aux soins. Sauf que la prise en charge ne serait pas effective. « Les premiers soins au CMC [Centre médical communal] de Ratoma et à Donka, jusqu’au second pansement, ont été pris en charge par l’école. Mais depuis, c’est moi qui paie tout. Au début, l’école me remboursait mais récemment, l’infirmier de l’école auquel nous nous référerons pour tout besoin, m’a dit qu’il n’est pas à Conakry et qu’il ne peut rien faire avant son retour ».

« Récidiviste et insupportable »

Une délégation de Sainte-Marie s’est rendue du domicile du malade, avec une assistance de 500 000 francs glissants. La famille de Bangaly Camara rend régulièrement visite à Alhassane Barry. « Sa famille me demande de pardonner l’acte mais je réponds que c’est la santé de mon enfant qui me préoccupe », précise le père.

Amadou Lamarana Barry sollicite l’aide de l’État pour leur évacuation « afin que les balles soient extraites sans danger. C’est à peine mon fils remue ses doigts. Vivre avec une balle dans son corps, cela m’inquiète. Je demande à l’Etat de nous aider, mon fils perd ses cours. Droitier, c’est avec sa main blessée qu’il écrit ».

Le comportement de l’élève tireur serait connu de la direction de Sainte-Marie de Nongo. Amadou Lamarana Barry rapporte que Bangaly Camara, quoique nouvellement inscrit, n’est pas à son premier acte de violence au sein de l’établissement. « Lorsque nous étions au CMC de Ratoma, le directeur de l’école, M. Mensa m’avait dit que Bangaly est un récidiviste. Son nom figure sur la liste noire de l’école, il est insupportable. Il s’est bagarré avec un de ses collègues. Et il devait être licencié après qu’il a commis cet acte-là. Il ne fait plus partie de ses élèves ».

Le tireur et son père inculpés

Le 19 mars, le fils tireur et le père (propriétaire de l’arme) ont été inculpés pour « détention illégale d’arme » par le tribunal pour enfants. Mais les accusés sont placés sous contrôle judiciaire, à l’issue de deux jours d’instruction. « C’est une procédure spéciale. L’élève est un mineur et il n’a pas nié avoir chipé l’arme de son père. Les deux sont placés sous contrôle judiciaire. Étant mineur, Bangaly ne peut pas être placé en détention provisoire. Et les deux sont inséparables, c’est le père et son fils », explique Me Lancinet Diabaté, avocat de la défense. L’élève et son père attendent donc à la maison l’ouverture de leur procès non encore programmé. Amadou Lamara Barry entend se constituer partie civile aux côtés de son fils.

Pour rappel, Bangaly Camara s’est rendu en classe, muni d’une arme de son père. En la montrant à ses amis, il a « involontairement » appuyé sur la gâchette. Les éclats de balle ont blessé deux élèves.

Souleymane Bah