À l’occasion de la Fête du travail du 1er mai, les travailleurs guinéens ont massivement répondu à l’appel des centrales syndicales pour exprimer leurs revendications: justice sociale, réformes du Code du travail, revalorisation salariale…sont entre autres doléances formulées pour une amélioration de leurs conditions de travail.
Comme chaque année, la Guinée, à l’instar de nombreux pays à travers le monde, a célébré ce jeudi 1er mai la Journée internationale du travail. Placée sous le thème « Lutter pour la paix et la stabilité. Le travail décent et la justice », la cérémonie officielle s’est tenue cette année au Stade Général Lansana Conté de Nongo, dans la commune de Lambanyi. L’évènement a rassemblé autorités gouvernementales, responsables syndicaux et divers acteurs des secteurs professionnels.
La célébration a connu la mobilisation massive de toutes les structures syndicales issues des secteurs public et privé, y compris celui informel. Les travailleurs, en uniformes, munis de pancartes et brandissant les couleurs nationales, ont défilé devant le public.
L’événement a été présidé par le Premier ministre Amadeus Oury Bah, flanqué du ministre du Travail et de la ponction publique, Faya Franc-soit Bourouno, ainsi que d’autres membres du goubernement.
A cette occasion, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), N’dourou Diallo, a dressé un tableau sombre de la situation des travailleurs guinéens: précarité galopante, manque de transparence sur les statistiques liées à l’emploi, des pensions de retraites jugées maigres, insécurité persistante dans les zones urbaines et interurbaines. (Excusez du peu !) Le syndicaleux a particulièrement insisté sur l’irrespect des engagements du goubernement relatifs à l’intégration des gens-saignants contractuels à la ponction publique et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Doléances
N’dourou Diallo a plaidé pour une réforme en profondeur du Code du travail, de la sécurité sociale et des conventions collectives, pour les adapter aux réalités nationales et aux normes internationales. Le secrétaire gérant de la CNTG a également alerté sur le chômage massif des jeunes. Un fléau qui menace la stabilité sociale, s’inquiète-t-il. Et d’en en appeler à une collaboration sincère entre goubernement, syndicats et employeurs, dans un esprit de justice sociale et de paix durable.

De son côté, Abdoulaye Cas-marrant, secrétaire de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), a présenté un cahier de charges détaillé au nom des treize centrales syndicales. Un doc qui aborde divers axes prioritaires: pouvoir d’achat et conditions de travail; application complète du protocole d’accord du 15 novembre 2023 ; intégration à la Fonction publique des enseignants contractuels et fonctionnaires locaux ; paiement des arriérés de salaires ; révision des conventions collectives et élaboration de nouvelles ; revalorisation des indemnités de logement et de transport à hauteur de 600 000 GNF ; adoption d’une nouvelle grille salariale pour les agents de l’État.
À propos de la protection sociale : amélioration des pensions de retraite à 80 % du dernier salaire ; prise en charge médicale des retraités à hauteur de 80 % ; intégration des anciens agents de structures dissoutes dans les régimes de protection sociale ; signature des textes d’application de la loi sur la mutualité sociale.
Dans le domaine des transports et emploi des jeunes : réduction des coûts des cartes grises et permis ; levée de l’interdiction des taxis-motos à Kaloum pour lutter contre le chômage; diminution des tensions entre forces de l’ordre et conducteurs.
Promesses
Au compte du dialogue social et gouvernance, le syndicaleux a égrené la ratification de la convention C190 de l’OIT contre la violence et le harcèlement au travail ; la révision de l’article 39 de la Loi L/2019/0027/AN portant statut général des agents de l’Etat jugé incompatible avec les normes de l’OIT.

En réponse, le ministre du Travail et de la ponction, Faya Franc-soit Bourouno, a salué la mobilisation syndicale et rappelé que des réformes majeures sont en cours. Parmi celles-ci la mise en place d’une assurance pour la petite enfance, une assurance chômage et la modernisation de l’administration publique à travers un recrutement plus rigoureux. Il a aussi insisté sur l’importance d’une administration au service du citoyen et d’une meilleure intégration des droits sociaux dans les politiques publiques.
Dans son allocution, le Premier ministre Amadeus Oury Bah a réaffirmé l’engagement de goubernement à poursuivre les réformes. Il a particulièrement mis en avant l’enrôlement biométrique obligatoire des travailleurs, pour moderniser la gestion des ressources humaines et permettre une couverture médicale efficace.
Il a souligné que cette mesure, loin d’avoir des visées électoralistes, va doter l’État d’un outil fiable pour piloter les politiques sociales. Il convie les syndicats à un dialogue social constructif, gage selon lui de réussite des réformes structurelles et de paix durable. Amen !
Mariama Dalanda Bah