Le 24 mai, le siège du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL, à Nongo) a servi de cadre à un sixième sit-in pour la libération de son leader, incarcéré depuis cinq mois. Aliou Bah, qui a déposé un recours contre sa condamnation en première instance pour offense à Mamadi Doumbouya, ne devrait pas tarder à être situé sur son sort par le juge d’appel.
Condamné en première instance à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Kaloum pour « offense au chef de l’État », Aliou Bah attend le verdict de son procès en appel, annoncé pour le mercredi 28 mai, à la Cour d’appel de Conakry. Au terme des débats, le parquet avait requis une lourde peine de cinq ans de prison ferme. D’où la fébrilité des militants et sympathisants du parti de l’opposant.
Le MoDeL espère que le sit-in du 24 mai, le sixième depuis l’arrestation d’Aliou Bah le 26 décembre dernier à Pamelap (frontière avec la Sierra Leone), sera le dernier et que justice sera enfin rendue à son président. Acteurs politiques, militants, sympathisants, organisations de la société civile, artistes, mouvements associatifs, ont pris part au rassemblement: Aliou Konah et Souleymane Souza Konaté (UFDG), Kaman Cissé (RPG Arc-en-ciel), Ibrahima Kalil Diallo (Agissons pour la Guinée), l’ancien maire de Ratoma Alpha Oumar Sacko, et Saïkou Baldé du Parlement Citoyen, tous étaient venus soutenir le MoDeL.
Premier à prendre la parole, Moïse Diawara, porte-parole du MoDeL, a rappelé que « Cela fait cinq mois qu’Aliou Bah est injustement détenu à la Maison centrale, pour ses compétences, sa vision et son intégrité. La justice guinéenne est confrontée à un défi historique. Il est impératif que les magistrats rendent des décisions justes et équitables, seules garantes d’un véritable État de droit où les Guinéens peuvent se reconnaître. » Et de renchérir : « Nous continuons de croire en notre système judiciaire, malgré les incertitudes. Comme le disait Nelson Mandela : “La liberté est indivisible ; le reniement d’un seul homme est un affront à la liberté de tous.” Nous devons rester mobilisés face à l’injustice, sans céder à la peur. »
La loi et la conscience
Ibrahima Kalil Diallo, président de l’APG, a qualifié le procès d’« attaque contre la vérité » : « Le MoDeL démontre que son combat dépasse la seule personne d’Aliou Bah. Ce dernier incarne une nouvelle génération de leaders, qui, à l’image des pères fondateurs, se battent pour une Guinée indépendante et démocratique. »

Souleymane Souza Konaté a salué le courage du MoDeL et de son leader : « Sur ces affiches, je vois Aliou Bah, Foniké Menguè, Billo Bah, Sadou Nimaga, Habib Marouane Camara, tous victimes de leur engagement contre la dictature, la corruption et l’imposture. Pendant que ceux qui pillent l’État vivent en toute liberté, les véritables patriotes se retrouvent en prison. C’est une injustice flagrante et inacceptable.»
Enfin, les responsables du MoDeL ont appelé les magistrats à se laisser guider par le droit et leur conscience : « Le peuple observe, et l’histoire retiendra », a lancé un cadre du parti, convaincu que la réussite de la transition dépend de l’inclusion de tous les acteurs sociaux et politiques du pays.
Abdoulaye Bah