Mansa Goïpogui, le représentant juridique et fiscal d’Ejico, est interrogé ce 28 mai par la partie civile et la défense devant la Chambre de jugement de la Crief. La partie civile (Agent judiciaire de l’Etat) relève un gap financier de six milliards de francs glissants.  

Alpha Mohamed Kallo, Ibrahima Tounkara, Maurice Eugène Alecaut, ainsi qu’Afriland First Bank, Ejico et Djoliba Pêche sont poursuivis par l’Etat pour des faits de « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, faux et usage de faux, atteinte à la liberté d’accès et d’égalité des candidats dans les marchés publics et recel. » 

Officiellement, la rénovation du siège de la Banque nationale d’investissement de Guinée (BNIG) à Kaloum aurait coûté 18 milliards de francs glissants à l’institution. Le marché a été exécuté par la société Ejico, à la suite d’une consultation restreinte initiée par la BNIG. Me Pépé Antoine Lama, de la partie civile, a soutenu que le marché de la rénovation du siège de la BNIG a été passé sans appel d’offres. « Il n’y a pas eu d’appel d’offre, mais c’est la BNIG qui devait passer l’appel d’offres, pas la société Ejico », martèle, à la barre, Mansa Goïpogui, le conseiller juridique et fiscal de la société. 

L’avocat (sans vinaigrette) de la partie civile demande pourquoi le marché n’a été attribué qu’à la société Ejico, non pas à une autre. « C’est la banque qui vous répondra », réplique Mansa Goïpogui, précisant toutefois que le coût de la rénovation avoisinerait les 12 milliards de francs glissants. Or, la rénovation a coûté 18 milliards de francs guinéens, rappelle Me Pépé Antoine Lama. « Voilà un gap financier, où est passé l’argent ? », questionne-t-il. 

Me Morlus Sylla, l’avocat (sans vinaigrette) d’Ejico, affirme qu’il ne revient poing à la société de justifier l’attribution du marché de la rénovation du siège de la BNIG. « Si un client nous sollicite pour un marché par appel d’offre, on soumissionne, s’il nous demande de s’en passer, on le fait », argue Mansa Goïpogui, à la barre. La défense dénonce un « acharnement » contre Ejico qui a rénové le siège de la Banque centrale, entre autres, sans bruit. 

« Quel désespoir de se retrouver devant un tribunal après avoir fait un bon travail », se désole le conseiller financier d’Ejico. 

« Faux projet » pour prêt bancaire 

Maurice Eugène Alecaut, l’autre prévenu, a comparu pour des prêts bancaires qu’il a obtenus auprès de la Banque nationale d’investissement de Guinée. Il a plaidé non coupable. Alecaut a obtenu deux prêts à l’effet de monter une ferme avicole à Wonkifong, buisson de Coyah, par « l’intermédiaire » d’Alpha Mohamed Kallo (le dirlo périmé de la BNIG), bien avant 2022. Mais, le robin, Yagouba Conté, soupçonne Maurice Eugène Alecaut d’avoir monté « un faux projet » afin d’obtenir des prêts. « Je n’ai pas reçu tout le montant prévu pour le projet. Je n’ai reçu qu’un milliard 500 millions de francs guinéens, pour cinq ans. La ferme a été montée en 2021, mais le Covid-19 a perturbé son fonctionnement », explique-t-il. 

Alecaut grelotte de trouille à la barre, ses explications incohérentes. Son avocat (sans vinaigrette), Me Gilbert Tohon Camara, sollicite le renvoi de l’audience. Le robin, Yagouba Conté, acquiesce. Les dégâts reprendront le 4 juin prochain. Ainsi, disparaît la frousse chez Alecaut. 

Yaya Doumbouya