Le Centre culturel franco-guinéen (CCFG) a accueilli le 11 juin, le vernissage d’une exposition photographique consacrée à l’Océan. Organisé par l’Ambassade de France en Guinée, l’événement s’inscrit dans le cadre de la sensibilisation à l’importance de la préservation des milieux marins, en lien au sommet mondial UNOC 03, à Nice.

Du 9 au 13 juin, la France coorganise avec le Costa-Rica, la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). Elle ambitionne de rassembler l’ensemble des acteurs mondiaux autour de la protection des océans, en accélérant les efforts pour leur conservation et leur utilisation durable, conformément aux enjeux globaux définis par les Nations unies.

En marge de la rencontre de Nice, le gouvernement guinéen et l’Agence française de développement (AFD) ont signé un accord pour le lancement du projet Kounki, destiné à améliorer la résilience des communautés de pêcheurs guinéens. L’initiative vise à éviter que l’océan, surpêché et pollué, ne cesse de nourrir ses enfants.

« Kounki », en réponse aux enjeux climatiques

Le programme s’articule autour de : la gestion durable de la pêche, via des plans de gestion, des recherches appliquées et le renforcement des capacités du ministère de la Pêche et de l’Économie Maritime (MPEM) ; l’amélioration des chaînes de valeur, grâce à la modernisation des infrastructures dédiées à la pêche artisanale et au développement de pôles aquacoles dans plusieurs régions et la création d’opportunités économiques via un meilleur accès au crédit et la diversification des activités génératrices de revenus au niveau local.

L’ambassadeur de France en Guinée, Luc Briard, a expliqué la démarche : « À Conakry, nous avons voulu faire écho à cette mobilisation mondiale en impliquant des artistes locaux. Nous leur avons passé commande pour qu’ils racontent l’océan à leur manière, qu’ils portent visuellement ce plaidoyer. Nous avons également lancé un concours scolaire intitulé ‘’2050, l’océan tel que tu l’imagines,’’ auprès des lycées de la Basse-Côte, de Boké à Conakry. Les élèves ont réalisé des vidéos illustrant les impacts de la pollution plastique. Les lauréats seront annoncés vendredi prochain (13 juin Ndlr). »

L’exposition réunit des clichés réalisés par le photographe Malike Sidibé, en collaboration avec le mannequin Mamadou Yaya Diallo et la chanteuse Queen Rima. Les photos, prises sur les plages de Camayenne (Dixinn), Taouyah (Ratoma)et au port de Boulbinet (Kaloum), témoignent de la pollution visible et inquiétante causée par les déchets plastiques. « Mes photos montrent un océan souillé. Il y a beaucoup de plastiques. C’est important qu’on agisse pour le nettoyer, car l’Océan est source de nourriture et d’oxygène. Nous devons en prendre soin », a souligné Malike Sidibé.

Combattre le plastique

Les données de l’ONU sont alarmantes : les activités économiques liées à l’Océan génèrent environ 2 560 milliards d’euros, soit 5% du PIB mondial. Plus de 200 millions de personnes travaillent dans la pêche maritime et 3,5 milliards en dépendent pour leur subsistance. Pourtant, chaque année, ce sont plus de 8 millions de tonnes de plastique qui finissent dans les océans, soit quatre fois plus qu’en 1950.

Pour répondre à la menace, l’ambassadeur Luc Briard mise sur un partenariat renforcé avec le Centre national des sciences halieutiques de Boussoura. Il a rappelé l’existence d’un décret présidentiel guinéen, prévoyant l’interdiction des plastiques dans 2 ans. « Cette exposition est un outil de sensibilisation. À Nice, la ministre française de l’Environnement a lancé un appel à un réveil contre le plastique. Nous espérons que la ministre guinéenne acceptera de rejoindre cet appel, car il faudra livrer bataille ensemble sur cette question. »

Les « Accords de Nice », attendus à l’issue de l’UNOC3, pourraient constituer un véritable pacte international en faveur de la préservation et de l’utilisation durable de l’Océan. Le texte s’inscrirait dans la continuité des Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’ONU en 2015, notamment l’ODD 14 consacré à la vie aquatique.

Abdoulaye Pellel Bah