Depuis un certain temps, le débat sur la Constitution domine la Guinée, les Guinéens et leurs réseaux soucieux. On jacte,  gesticule, compare, soupèse,  soupçonne…On ergote en surface pour éviter l’essentiel. La Télébidon nationale y a consacré une édition spéciale. Il s’en est fallu de peu que nos grandes vedettes du 20h30 y laissent toute la récolte. Il est vrai que le CNT a mis le temps qu’il faut pour fournir l’avant-projet, les moyens qu’il faut pour l’expliquer sur les quelque deux cent cinquante mille kilomètres carrés que couvre le pays. Avec le petit grain de sel des experts constitutionnels, le projet est remis au coût du jour. Ne restait plus aux Guinéens que de commenter à leur guise.

Le citoyen lambda de noter que les experts de Dansa sont plus concis que ses CNTêtards. Pour ceux-ci, une constitution de 205 articles ferait l’affaire. Trop long pour ceux-là. Contenons ces articles à moins de deux cents. Faut pas ennuyer les gens. Ce n’est pas tout. Concision mises à part, les experts semblent plus généreux, plus réfléchis, plus économes, plus pratiques en matière électorale.  A la lecture de l’article 44 des deux textes, cette impression peut bien effleurer certains esprits, tordus peut-être. L’Avant-projet dit : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct au scrutin majoritaire à deux tours. La durée du mandat du Président de la République est de cinq (5) ans, renouvelable une seule fois. La durée du mandat court à compter de la date d’investiture. En aucun cas, nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de Président de la République. Nul ne peut, de sa vie, faire acte de candidature aux fonctions de Président de la République, après avoir exercé deux mandats de Président de la République. »

Le Projet retoque : « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct au scrutin majoritaire à deux tours, pour un mandat de sept ans renouvelable une seule fois. Le mandat prend effet à compter de la date d’investiture. Il peut être écourté dans les conditions définies aux articles 161 et 162. »

Prolixes, les Guinéens l’auront été jusqu’au bout. La majorité a tourné autour des avancées…syntaxiques du texte. Interrogations, incompréhensions, suspicions à la limite de la mesquinerie. Toto et les siens n’ont rien compris quand le Projet a été accusé « d’avoir banalisé » les conditions d’accès à la magistrature suprême.  Même les naturalisés peuvent  y aller. Peut-être les experts constitutionnels se sont-ils inspirés de certaines absurdités des vieilles démon-crac-ties occidentales. Qui ne s’est pas marré d’Elon Musk, président-fondateur du Parti Américain qui ne le conduira jamais au Bureau ovale, puisque né hors des États-Unis ? Ceux qui grommellent autour du délai de recours à l’issue d’une présidentielle contestée ont plus que raison de parler fort. Les experts de Dansa  ne leur ont donné que 72 heures au lieu de 8 jours pour ficeler leur dossier de consternation à l’adresse de la Cour constitutionnelle. « Autant ne pas commencer, » pestent-ils. Et pititi et patata.

Il aurait fallu écouter les débatteurs qui ont interrogé notre Histoire. Eux au moins se sont demandé comment pérenniser une constitution dans un pays où chaque régime disparaît avec sa loi fondamentale. L’essentiel est là. Intact.

 Diallo Souleymane