Les 28 et 29 juillet, l’Angola a été secoué par une vague de manifestations violentes, déclenchées par une grève des taxis en protestation contre la hausse des prix du carburant. Les troubles ont fait au moins 22 morts, des centaines de blessés et causé d’importants dégâts matériels. La diaspora guinéenne, bien implantée en Angola, n’a pas été épargnée.
À l’origine de cette flambée de violence, la décision du gouvernement d’augmenter le prix du gazole, fortement subventionné, de 300 à 400 kwanzas par litre en juillet, ainsi que l’annonce de la hausse prochaine de l’essence à 800 kwanzas. Cette mesure, justifiée par les autorités comme une nécessité pour réduire les subventions et améliorer les finances publiques a suscité un vif mécontentement dans ce pays d’Afrique australe, deuxième producteur de pétrole du continent derrière le Nigeria.
Selon les autorités locales, environ 1 200 personnes ont été arrêtées à travers le pays. Parmi les victimes recensées figurent un policier, plus de 200 personnes ont été blessées dans des affrontements violents à Luanda, la capitale, et dans six provinces environnantes. Ce mécontentement populaire a rapidement dégénéré en actes de vandalisme et en pillages. Des supermarchés, entrepôts et commerces ont été pris pour cibles. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Homem, a indiqué que 66 magasins ont été saccagés dans plusieurs zones.
Vandalisme et violences ciblées
Les communautés étrangères ont elles aussi payé un lourd tribut. Parmi elles, les Guinéens, représentés par une diaspora importante, ont vu plusieurs de leurs commerces vandalisés, notamment des boutiques d’alimentation et des magasins d’électroménager.
Ibrahima Barry, installé en Angola depuis 2013, témoigne : « Nous avons beaucoup souffert pendant ces deux jours. Aujourd’hui, le calme est revenu, mais n’oubliez pas que c’est un pays qui a connu la guerre… ça peut dégénérer à tout moment. » Selon lui, rien ne laissait présager une telle flambée de violence : « Il ne s’agissait que d’une grève des taxis de trois jours, autorisée par les autorités. Je ne comprends pas pourquoi cela a dégénéré à ce point. »

Pour protéger son magasin, Ibrahima, avec l’aide d’autres commerçants maliens a dû organiser des tours de garde, recruter des jeunes du quartier pour assurer la sécurité, et même patrouiller avec des éléments de la brigade anti-criminalité. « Heureusement, nous n’avons pas enregistré de pertes humaines. Mais les dégâts matériels sont énormes. » a-t-il déploré, citant le cas d’un opérateur économique guinéen, Ousmane Kensa, dont le grand magasin d’électroménager, fraîchement approvisionné a été entièrement pillé, causant des pertes estimées à plusieurs millions de dollars. « Nous ne serons probablement jamais indemnisés », regrette Ibrahima.
Les premières mesures
Depuis quelques jours, la situation semble stabilisée à Luanda. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a pour sa part réclamé le jeudi 31 juillet l’ouverture d’une enquête sur les violences et la répression des manifestations.
Dans son adresse à la nation, le président angolais João Lourenço a fermement condamné « ces actes criminels » et déploré les pertes en vies humaines. Il a annoncé, dès le lundi 4 août, l’adoption de mesures d’aide aux entreprises touchées, afin de reconstituer rapidement les stocks détruits et de préserver les emplois menacés.
Abdoulaye Pellel Bah