Pour faire le poing de l’évolution du projet Simandou, les responsables de Rio Tinto Simfer ont animé une conférence de stress à leurs bureaux de Coléah (commune de Matam). Ils jurent que tout est faim prêt pour le démarrage de la production et de l’exportation du minerai de fer de classe mondiale.

Dans une note introductive à leur conférence de stress, organisée ce vendredi 12 septembre, les conférenciers se réjouissent des progrès réalisés au cours du dernier trimestre, « malgré une saison des pluies particulièrement difficile. La pose des 72 kilomètres de voie ferrée de l’embranchement ferroviaire reliant la mine de SimFer à la jonction du TransGuinéen [du nom de la voie ferrée de 600 km reliant la mine au port de Moribayah, à Forécariah] à Kérouané est désormais achevée, marquant ainsi une étape clé du projet. De même, les travaux de génie civil au port progressent rapidement : la passerelle d’accès au quai des Vaisseaux de Transbordement (TSV) est maintenant prête pour l’installation des convoyeurs. Les infrastructures à la mine continuent également de prendre forme comme prévu. »

La production, suivie de l’exportation des premières tonnes de fer est annoncée pour le mois de novembre prochain. Avec un rythme graduel, pour atteindre la vitesse de croisière au terme des 30 premiers mois suivant le démarrage. Sauf que Simfer expédiera sa production, dans un premier temps, via le port de Winning consortium Simandou (WCS), en attendant l’achèvement des travaux de construction du sien. Environ 120 millions de tonnes de minerai seront annuellement exportées via les deux ports. Pour rappel, WCS exploite les blocs 3 et 4 situés dans la préfecture de Beyla et Simfer, les blocs 1 et 2 à Kérouané (sud-est du pays).

Paiement de taxes, construction de raffinerie…

Au cours de la conférence animée par le tandem Aboubacar Koulibaly, dirlo pays de Rio Tinto Guinée et Chris Aitchison, dirlo général de Simfer, des questions d’actu se sont invitées aux débats. Au sujet de la construction de la raffinerie, la coentreprise formée par la République de Guinée, Rio Tinto et le consortium CIOH dirigé par Chinalco doit réaliser des études de faisabilité. Ce sont les résultats de l’étude qui détermineront si le projet est viable ou non, s’il s’agira d’une usine de pelletisation ou d’acier. Toutefois, selon nos informations, la construction de la raffinerie reste une obligation pour WCS.

De la gauche vers la droite, Aboubacar Koulibaly, Directeur pays de Rio Tinto Guinée, Chris Aitchison, Directeur général de Simfer et Abdourahmane Diallo, Responsable de Communication externe et de relations avec les médias.

Les questions fiscales étaient également au menu de la causerie. « Rio Tinto est très transparent en termes d’impôts. Lorsque nous allons commencer les opérations [de production et d’exportation], vous verrez ce que nous payons », a répondu Aboubacar Koulibaly, en réaction à des déclarations dans la presse selon lesquelles la société serait exemptée de payer des taxes à l’État guinéen.

Selon des entretiens en off, dans la convention de 2014 (signée sous l’ancien Prési Alpha Grimpeur), Rio Tinto était effectivement exonérée de paiement de taxes durant les huit premières années de production. Mais à l’issue des renégociations faites sous la junte dirigée par Mamadi Doum-bouillant, la donne aurait changé. Désormais, durant la même période, la société sera taxée à hauteur de 15 %. Au-delà, l’imposition montera à 25 %. Un pourcentage appelé à évoluer graduellement.

Questions sécuritaires et migratoires

Projet de classe mondiale, Simandou fait l’objet d’une grande médiatisation et attise les convoitises. Le gouvernement guinéen, régulièrement, alerte sur l’urgence pour les Guinéens de se préparer à saisir les opportunités qu’offre le projet. Rio Tinto Simfer s’enorgueillit de totaliser 80 % de Guinéens parmi ses employés. Un chiffre que l’entreprise souhaite faire évoluer. « Nous allons travailler à ce qu’il y ait plus de Guinéens au niveau des instances de prise de décisions. Nous allons prendre en compte le maximum de talents locaux ; appuyer les entreprises locales à fournir des services », promet Chris Aitchison.

D’ores et déjà, l’État et son partenaire doivent conjuguer les efforts pour davantage sécuriser le corridor, où on fait état d’érection de ghettos de consommateurs de drogue. « Les infrastructures ferroviaires sont par endroit proches des frontières avec la Sierra Leone. D’où la nécessité d’organiser des patrouilles. La question migratoire est d’autant complexe que nous sommes dans un espace intégré, caractérisé par le principe de libre circulation », explique le dirlo pays de Rio Tinto Guinée, Aboubacar Koulibaly.

Le 22 août, Rio Tinto a annoncé la mort accidentelle d’un employé d’une entreprise sous-traitante suite à un incident survenu sur son site minier à Nzérékoré. Une minute de silence a été observée en la mémoire de la victime à l’entame de la conférence. Simfer promet des investigations et le renforcement de la sécurité pour prévenir d’autres cas dans le futur.

Diawo Labboyah