Le 17 septembre, le Président de la transition a nommé par décret les 11 membres de l’Office national autonome de supervision du référendum (ONASUR). Mais le choix de Mamadi Doum-bouillant portant pratiquement sur des personnes ayant appelé à voter en faveur de la nouvelle Constitution font jaser.
L’ONASUR, organe censé de veiller sur le bon déroulement du scrutin référendaire, se faisait désirer depuis mars dernier. Il est enfin là, mais à seulement 72 heures du référendum. Simple oubli ou volonté de saborder l’office avant même sa naissance ? Mystère. Outre la question de délai, le profil de ceux sur qui le Doum-bouillant compte interroge. Parmi les promus, l’avocat (sans vinaigrette) maître Pépé Antoine Lama, membre du parti d’opposition, MoDeL dont le leader, Aliou Bah est en prison depuis plus de dix mois. Il est désigné par le Barreau de Guinée. Mais l’avocat avait déjà laissé transparaître son admiration pour le texte, notamment dans le volet concernant les anciens Prési: « Loin d’une immunité générale, ce texte parle exclusivement des actes accomplis dans l’exercice régulier des fonctions. Et c’est là toute la nuance juridique: « Régulier » signifie conforme à la loi, aux attributions constitutionnelles et aux obligations de la charge présidentielle. Donc, un acte manifestement illégal, arbitraire, ou commis à des fins personnelles sort du cadre de l’exercice régulier. Il n’est pas couvert par l’immunité. » Sur les réseaux sociaux, Me Pépé savoure sa nomination : « Cette marque de confiance placée en ma modeste personne est avant tout une responsabilité citoyenne et républicaine. Elle m’engage à œuvrer, avec rigueur et impartialité, pour la transparence, la crédibilité et le bon déroulement du processus référendaire. »
Mariam Diallo Sy, prési du Réseau des femmes africaines leaders de Guinée (AWLN), ancienne prési du Comité de normalisation (CONOR) de la Fédération guinéenne de football, membre du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires a été aussi promue. Elle aussi s’était impliquée, avant sa nomination, aux côtés d’autres femmes, dans la vulgarisation du projet de nouvelle Constitution.
Il y a surtout Sékou Koureissy Condé, prési du parti ARENA (Alliance pour le renouveau national). Il prend la présidence de l’ONASUR, alors qu’il ne cache pas son soutien à la junte militaire. Avant sa nomination, Koureissy macoute faisait déjà campagne pour le Oui à la nouvelle Constitution: « La paix est notre force et la Guinée géante est notre rêve. Le parti ARENA votera massivement Oui à la nouvelle Constitution », tel est le slogan de son parti. Le 11 septembre, il a lui-même déclaré à l’occasion d’une cérémonie de célébration des acquis du CNRD: « Nous abordons le référendum dans un environnement convivial, apaisé… La Guinée est sécurisée pendant cette transition. Les Guinéens ont appris à se connaître, à s’accepter et à s’unir. C’est pourquoi nous votons OUI. »
Surveiller quoi finalement ?
Selon la loi L/2025/012/CNT du 25 avril 2025, fixant les modalités d’organisation du référendum constitutionnel en République de Guinée, l’ONASUR supervise le processus électoral, de l’inscription des électeurs à la proclamation des résultats. Elle garantit la régularité et la transparence du processus. Dire qu’elle n’a été meublée qu’à 72 heures du scrutin. Pour le moment, dans le bureau, il n’y a que le prési. Le décret précise que les autres membres du bureau de l’ONASUR : vice-prési, rapporteur et trésorier sont élus par leurs pairs et leur élection est entérinée par décret. Officiellement, l’ONASUR n’a pour le moment de démembrement ni à Cona-cris ni dans les buissons de l’intérieur. Mais Sékou Koureissy Condé promet quand même d’assurer la surveillance de ce scrutin: «J’en mesure le poids moral, patriotique. Mon équipe et moi venons de prêter serment devant la plus haute juridiction de ce pays et nous allons veiller à ce que le processus électoral référendaire se déroule dans les conditions d’équité, de régularité pour assurer la crédibilité de ce référendum », déclarait-il à l’issue de la prestation de serment des membres de l’ONASUR devant la Basse-cour suprême.
Yacine Diallo