Le dimanche 21 septembre, les Guinéennes et les Guinéens se sont rendus aux urnes pour se prononcer sur le projet de constitution que le CNRD a soumis à leur sagacité. D’ores et déjà, le déroulé du processus appelle quelques observations. Il faut bien admettre que la campagne référendaire et l’opération de votation se sont déroulées dans un climat apaisé et un environnement serein.

Contrairement à d’autres époques, on n’a enregistré ni jets de pierres et de grenades lacrymogènes, ni échauffourées sanglantes entre jeunes manifestants et forces de l’ordre. Cette sérénité est-elle due à la maturité des électeurs, la lassitude des militants politiques et sociaux ou à la peur d’importuner les autorités ?

En tout état de cause, une période électorale marquée par une absence remarquée de violences vaut mieux, dans tous les cas de figures, qu’un moment émaillé de mort d’hommes et de destruction massive de biens privés et publics. L’éducation civique devrait viser comme cible majeure l’environnement apaisé de tout processus électoral, pour dédramatiser l’élection et en faire un évènement civique.

Pendant la campagne, si le soutien au non n’a pas été tout à fait atone, il a été très discret, peu audible. Les narratifs de Cellou Dallein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré, leaders des trois principales formations politiques (UFDG, RPG Arc-en-ciel et UFR), conviant les Guinéens à s’abstenir de voter, ont-t-il impacté l’opinion des uns et des autres ?

Menace existentielle

Avant la proclamation définitive ou provisoire des résultats du scrutin, l’observation empirique permet de dire que l’effet de leur propos a été mitigé. On aurait pu s’attendre à une forte démobilisation dans leurs fiefs respectifs (Moyenne et Haute Guinée). Mais ce n’est pas ce mouvement massif négatif que l’on a observé.

Ne peut-on pas alors s’interroger sur leur prégnance et celle de leurs partis sur les masses lorsque l’on sait, par ailleurs, qu’ils se sont exilés depuis déjà deux à trois ans ? C’est à travers seulement les réseaux sociaux qu’ils se sont adressés aux Guinéennes et aux Guinéens pour se prononcer sur le projet de constitution.

Déjà, ils n’ont pas participé au dialogue inter-guinéen inclusif, au motif que les conditions idoines n’ont pas été réunies et que leur principale préoccupation n’a pas été prise en compte. La participation de leur formation politique à l’élaboration du projet de constitutions et à la campagne référendaire a donc été faible, voire nulle.

Dans ces conditions, leurs discours sur le contenu, les enjeux et les défis du projet de constitution ne peuvent pas avoir la cohérence et la pertinence nécessaires pour influencer les populations, y compris leurs propres militants.

L’absence des partis politiques, notamment les majors que sont l’UFDG, le RPG et l’UFR, du processus référendaire ne constitue-t-elle pas une menace existentielle ? Ils devraient se souvenir de l’adage : « Loin des yeux, loin du cœur. » Les assemblées générales hebdomadaires ne peuvent pas se substituer ad vitam aeternamà l’aura du leader.

Abraham Kayoko Doré