La culture guinéenne en deuil : Souleymane Dalein Diallo, plus connu sous son nom de scène « Mon Directeur », s’est éteint mardi 30 septembre, à son domicile à Cosa. Il luttait depuis plusieurs années contre une maladie qu’il avait choisie de garder discrète.

Membre fondateur de la troupe Bhantal Djama, bâtie après ses débuts remarqués dans Lewrou Djérè, « Mon Directeur » était une figure centrale du théâtre guinéen. Comédien, formateur, réalisateur et mentor pour toute une génération d’artistes, il était un défenseur des valeurs traditionnelles et de la valorisation de la langue Poular.  

L’annonce de son décès a plongé le monde artistique dans une profonde tristesse. Au micro de Refletguinée, de nombreux artistes ont rendu hommage à un homme généreux, un artiste accompli et un acteur incontournable de la scène culturelle.

Mamadou Aliou Barry, Sarsan, Imam Sadou ou Péthè (dans Ndondi de la chaîne Pulaagu) est comédien et collègue de longue date du défunt. Il a salué un pionnier. « Mon Directeur est un pionnier du théâtre privé en Guinée. Il a beaucoup apporté au cinéma guinéen, notamment en valorisant la langue Poular. Il a formé de nombreux artistes. Grâce à ses combats et aux miens, nous avons défendu la scène artistique contre les influences étrangères », a-t-il témoigné. Soulignant qu’en plus de ses talents artistiques, Souleymane Dalein Diallo était un défenseur infatigable de la culture locale, face à la mondialisation et à la disparition progressive des diversités culturelles guinéennes.

Pour Jaffar Deen alias Pothiol, un mentor s’en est allé. « Mon Directeur a été un maître et une véritable source d’inspiration. Même lorsque je faisais des erreurs, il me corrigeait avec bienveillance, sans jamais m’humilier. C’est une grande perte pour la culture guinéenne. »

« Mon Directeur m’a introduite dans l’art quand j’étais toute petite », se souvient Diwoun Saré, autre comédienne et collaboratrice de longue date de Mon Directeur. Poursuivant, « nous avons fondé ensemble la troupe Bhantal Djama et produit le film Diwoun Saré et Mon Directeur nous a ouvert bien des portes. Il était discret. Il ne voulait pas que sa maladie soit rendue publique. Mais son absence sur scène a fini par parler. »

Selon elle, son physique ces dernières semaines attestait de sa maladie, mais l’artiste continuait à se battre, silencieusement. Diwoun Saré se souvient de l’avoir quitté lundi 29 (la veille) à 22h, confiante de le revoir le lendemain. Le destin en a décidé autrement.

Souleymane Dalein Diallo, amoureux de la culture guinéenne, laisse derrière lui une veuve, trois orphelins, une carrière remarquable et une génération d’artistes orphelins. Son œuvre, ses valeurs, son engagement, continueront de vivre à travers ses disciples et le public qu’il a tant fait rire, réfléchir.

 Mariama Dalanda Bah