À Coyah, la célébration du 67e anniversaire de l’indépendance de la Guinée a été marquée par le traditionnel dépôt de gerbes de fleurs à la place des martyrs. L’événement s’est déroulé à 10h, en présence du préfet, le colonel Yayah Khalissa, du maire de Coyah, des présidents des délégations spéciales de Kouriah et Wonkifong, des sous-préfets, ainsi que de nombreux cadres administratifs de la préfecture.

Des femmes de l’administration, habillées aux couleurs de l’indépendance, ont donné une touche symbolique à la cérémonie. Les chefs religieux, la police, la gendarmerie, l’armée de terre, la douane, les fanfaristes, et d’autres acteurs institutionnels ont également marqué leur présence.

Après avoir déposé les gerbes de fleurs, le préfet de Coyah a pris la parole pour rendre hommage aux vaillants soldats morts en luttant pour l’indépendance de la Guinée. Dans son allocution, il a déclaré. « Souvenons-nous alors de nos ancêtres, de nos pères fondateurs, qui ont levé très haut le flambeau de la liberté, affirmant ainsi notre droit inaliénable à l’autodétermination. Ce pacte de courage, guidé par une volonté inébranlable, a ouvert un nouveau chapitre de l’histoire de notre nation, marquant la fin de la domination coloniale et le début de notre marche vers un avenir libre, autonome et prospère. », a-t-il indiqué. Soulignant l’importance de s’appuyer sur les fondations posées « par nos devanciers, nous devons bâtir une Guinée moderne et économiquement souveraine. »

Le colonel Khalissa a également salué les efforts du chef de l’État. « Ces réformes profondes, pilotées avec rigueur et vision par le Président de la République, incarnent une volonté de transformation durable de notre pays. À Coyah comme ailleurs, nous en ressentons déjà les effets positifs. », s’est t-il réjouit. Appelant ainsi les citoyens de sa circonscription à l’union afin d’ accompagner cette dynamique.

Entre critiques et propositions

Interrogé, Ibrahima Sory Diallo, acteur de la société civile locale, a livré une lecture critique de la situation du pays. Il déplore ainsi le caractère superficiel des commémorations. « On se réunit, on danse, on dépose des fleurs sans expliquer leur symbolique, pendant que les discours officiels, souvent lus sans conviction, passent inaperçus », regrette t-il.

Pour lui, après 67 ans d’indépendance, la Guinée reste à la traîne. « Nos routes sont en mauvais état, la situation sécuritaire est elle aussi alarmante. Des citoyens sont encore arrêtés arbitrairement, et parfois même tués. Notre système de santé reste largement soutenu par les communautés elles-mêmes. Et notre système éducatif ne prépare pas nos jeunes à l’emploi. À quoi sert un État qui finance une éducation déconnectée du marché de l’emploi ? », s’est il interrogé. Ajoutant que tout cela montre que 67 ans après l’indépendance « nous n’avons toujours pas trouvé notre voie. »

Il a aussi appelé à plus d’inclusivité pour un développement durable. « L’État seul ne peut pas développer ce pays. Il faut inclure tous les citoyens, toutes les compétences, quelle que soit leur sensibilité politique ou sociale.
Retour historique et plaidoyer pour la liberté de la presse.

Par ailleurs, Doyen Souleymane Bah, historien et journaliste à la retraite, est revenu sur les origines de l’indépendance guinéenne. « L’histoire de notre indépendance remonte au 25 août 1958, lorsque le général Charles de Gaulle a entamé une tournée en Afrique pour présenter la nouvelle Constitution de la Cinquième République française. Lors de son passage à Conakry, le président Sékou Touré, dans un discours historique, a exprimé clairement le choix du peuple guinéen. « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage.

Le 28 septembre 1958, lors du référendum, la Guinée a massivement voté « non » à la communauté proposée par la France, à plus de 94 %. » Il rappelle que la Guinée fut le premier pays africain à refuser la communauté franco-africaine, ouvrant ainsi la voie à une indépendance proclamée le 2 octobre 1958.

Interpellé sur le musellement de la presse , par les autorités de la transition, l’ancien pionnier de la plume répond sans détour.
« Restreindre les médias, les empêcher d’informer, revient à priver les citoyens de leur droit légitime. » Sollicitant aux autorités guinéennes à libérer la presse, notamment la presse privée.

L’événement s’est achevé par des prières et bénédictions formulées par les sages des communes urbaine et rurale, en mémoire des martyrs, pour le repos de leurs âmes.

Mariama Dalanda Bah

Envoyée spéciale