Poursuivi pour homicide involontaire, le procès du margis-chef Thierno Abdoulaye Baldé (gendarme), s’est ouvert jeudi 16 octobre au tribunal militaire à Kaloum. Il est accusé d’avoir tué Koumba Keita, la mère de sa prétendante, qu’il a rendu visite à son domicile à Ansoumania-Plateau (Dubréka), alors qu’il portait un révolver chargé. La partie civile parle d’un acte prémédité, la défense parle d’un accident.
Maître Abdoulaye Keita, avocat de la partie civile, a indiqué que l’accusé s’est rendu chez Koumba Keita le matin du 26 août dernier. Mais avant son arrivé, Thierno Abdoulaye Baldé aurait tiré une première balle. « Sur coup, selon le gendarme, son pistolet est tombé, ça atteint Madame Koumba Keita. Transportée à l’hôpital, finalement elle est décédée », a raconté l’avocat affirmant que la victime était contre un mariage en vue entre sa fille et le gendarme.
Après les enquêtes au niveau de la gendarmerie, le parquet militaire a été saisi, et le dossier a été au finish déféré. Maître Abdoulaye Keita explique : « Fort malheureusement, le tribunal militaire a pris le dossier en flagrant délit, ce qui est extrêmement grave. Un dossier criminel ne doit pas être pris en flagrant délit. Je suis d’accord que la flagrance est une mesure d’urgence, mais lorsqu’il y a assassinat, il faut l’envoyer devant le cabinet d’instruction pour les examens. D’ailleurs, le tribunal a ordonné le transport judiciaire sans la présence de la partie civile. Je vais demander au tribunal de renvoyer le dossier au cabinet d’instruction, pour qu’on puisse d’avantage s’informer sur ce qui a poussé le margis-chef de tirer sur madame ». Selon l’avocat, il y avait eu un antécédent entre la famille du gendarme et la famille de Koumba Keita au sujet du mariage de sa fille. « C’est pourquoi, je voudrais que le dossier retourne au cabinet d’instruction pour examiner à nouveau, pour savoir s’il a fait par exprès ou pas. Il y avait une opposition entre dame Keita qui était contre le mariage de sa fille au gendarme Thierno Abdoulaye Baldé. Il était en mission, pour éliminer celle qui s’opposait au mariage », insiste l’avocat Abdoulaye Keita.
La défense réfute
Faux, rétorque Maitre Thierno Amadou Oury Diallo, avocat de la défense, qui affirme que Koumba Keita ne s’est jamais opposée au mariage de sa fille. « Le 26 août 2025, au petit matin, il (gendarme) s’est rendu au domicile de sa future belle-mère, pour des salutations d’usage. Elle lui a donné une chaise et lui a offert trois jus. Au cours de leur entretien, une pluie fine est tombée. Madame a demandé à ce que mon client se déplace, pour venir au niveau de la terrasse. Malheureusement, ce jour il n’était pas en tenue mais il portait son arme. Lorsqu’il a voulu se déplacer avec la chaise, étant donné qu’il portait un sac qui contenait ses habits et tous ses éléments pour aller au travail, donc le mouvement du bras a certainement tapé le pistolet. Le pistolet est tombé à terre et comme une balle était déjà engagée au niveau de la chambre à feu, la balle a crépité, elle l’a touché au niveau d’un de ses doigts et puis elle a atteint l’épaule de sa future belle-mère, madame Koumba Keita », a expliqué l’avocat.
Ajoutant que quand le pandore a constaté le sang, il a pris la femme dans ses bras, pour la conduire vers la clinique la plus proche. « Lorsque le personnel médical lui a dit qu’il n’était pas compétent pour arrêter l’hémorragie et lui a recommandé d’aller à une grande clinique au niveau de la T6. Il s’y est rendu à bord d’un taxi motard. Malheureusement, ce personnel médical n’a pas été à la hauteur. Au lieu d’embarquer la dame dans une ambulance et la mettre sous perfusion, arrêter l’hémorragie, la transférer au niveau de l’hôpital Donka, le personnel médical a abandonné la victime. Et ce gendarme paniqué, inexpérimenté est allé chercher un taxi, pour le conduire à l’hôpital Donka. C’est en cours de route que Mme Koumba est décédée ».
Maitre Thierno Amadou Oury reconnaît que son client ne devait pas porter une arme chargée, mais accuse le personnel médical de faute professionnelle, pour n’avoir pas assisté la femme convenablement. « Le gendarme a secouru la femme, il a fourni des efforts pour ne pas qu’elle succombe. Malheureusement, les spécialistes l’ont abandonnée. Je m’inscris en faux de dire que le gendarme a tiré en première position. Je m’inscris en faux quand on dit que la dame était opposée à ce mariage. Parce que sa propre fille et sa sœur ont déclaré devant le tribunal militaire que lorsqu’elle a vu Thierno Abdoulaye, elle était très enthousiaste. Elle n’a jamais refusé de donner en mariage sa fille, ils étaient encore dans les démarches ».
Selon l’avocat, le margis-chef Thierno Abdoulaye Baldé est poursuivi pour homicide involontaire, il n’est pas un criminel. Il ne voit pas comment le dossier pourrait être instruit au cabinet d’instruction. L’audience se poursuivra le 28 octobre.
Ibn Adama