L’assemblée générale hebdomadaire du Mouvement démocratique libéral (MoDeL) s’est tenue samedi 18 octobre. La rencontre a été dirigée par Mamadou Lamarana Barry, vice-président chargé de la mobilisation des fonds. Le parti a fortement critiqué le processus électoral en cours.
Dès l’ouverture des travaux, Mamadou Lamarana Barry s’est félicité de la reprise des réunions hebdomadaires du parti, rappelant que le MoDeL reste focalisé sur la situation de son président incarcéré depuis 10 mois à la Maison centrale de Conakry, pour « Offense au chef de l’Etat ». Le MoDeL a profité de l’occasion, pour porter un diagnostic sans complaisance sur le processus d’organisation de l’élection présidentielle prévue le 28 décembre prochain.
Ibrahima Diallo, responsable adjoint de la cellule de communication du parti, n’a pas ménagé les autorités de la transition. Selon lui, la participation de la présidentielle « requiert des préalables ». « En tant que parti politique, nous voulons participer à toutes les élections. Nous voulons conquérir le pouvoir et l’exercer, avec notre candidat Mamadou Aliou Bah, mais le processus est verrouillé et vicié ».

Il a critiqué la rapidité avec laquelle les autorités se sont lancées pour l’organisation des scrutins après quatre ans de transition, accusant un manque de représentativité des acteurs politiques dans l’élaboration du fichier électoral et des textes fondamentaux. « Les acteurs politiques ne sont pas représentés. L’élaboration et l’adoption de la Constitution se sont déroulées sans véritable consultation. Le jour même des résultats du référendum, la Constitution a été promulguée ; le même soir, le code électoral a été adopté en catimini par le CNT, Conseil national de la transition, avec une exclusion totale des acteurs politiques ». Ibrahima Diallo a aussi dénoncé des invitations envoyées trop tardivement aux partis, pour la présentation de projets : « Ça ne devrait pas être comme ça. »
Contradictions
Des observateurs ont relevé des contradictions entre la nouvelle Constitution et le nouveau code électoral, notamment sur la question de l’âge requis pour être candidat à la présidentielle. « La Constitution fixe l’âge minimum à 40 ans, le code électoral parle de 44 ans ». Pour le MoDeL, la mise en œuvre de la nouvelle Constitution est bafouée : « Dans la nouvelle Constitution, l’organe habilité à organiser les élections est l’Organe technique indépendant de gestion des élections [OTIGE]. Or, c’est une Direction générale des élections (DGE) qui s’en charge, en violation flagrante de la Constitution, loi-mère de la République. Dans ces conditions, il est difficile pour un acteur politique sérieux de participer à ces élections, à n’importe quel prix. »
Évoquant la caution exigée aux candidats à la présidentielle, le MoDeL assure que le montant de 875 millions de francs guinéens n’est pas élevé et ne serait pas un obstacle à sa participation, si les conditions sont remplies. « Même si la caution était portée à deux milliards de francs guinéens, si le processus est libre et transparent, nous nous battrons et nous engagerons les fonds nécessaires. Nous sommes convaincus que, quelle que soit la somme engagée, nous pouvons la récupérer si l’élection est équitable. Mais si le processus est biaisé, cela devient impossible », a indiqué Ibrahima Diallo.
Non négociable
Le MoDeL a réaffirmé sa demande de libération de son président, Aliou Bah, qui, selon lui, est « injustement emprisonné », depuis dix mois. « Il faut libérer les prisonniers politiques. Nous ne demandons pas une faveur, ni une grâce présidentielle, car si la loi avait été appliquée, Aliou Bah n’en serait même pas arrivé en Première instance ni à être condamné », a insisté le chargé de Com du parti.
Le MoDeL conclut son assemblée en réaffirmant sa détermination à concourir le pouvoir, si des garanties de transparence sont offertes. Il exige en priorité, la libération de son président. Le parti appelle ses militants à la mobilisation et invite les autorités à réviser les procédures électorales, afin d’éviter une crise politique avant le scrutin de décembre. À savoir si la junte l’écoutera de cette oreille.
Abdoulaye Bah