La tension entre agriculteurs et éleveurs est persistante dans la préfecture de Lola. Depuis quelques jours, des habitants des sous-préfectures de Guéasso et Gama-Béréma sont vent debout contre l’installation des bouviers dans leurs localités. Les attaques contre les bovins sont régulières dans les différents villages, malgré l’intervention des  autorités locales.

Selon Lancinet Keita, président de la délégation spéciale de Guéasso, dans la nuit du samedi 18 octobre, des jeunes provenant de la sous-préfecture de Gama-Béréma ont été arrêtés à l’orée de la sous-préfecture de Guéasso, alors qu’ils étaient venus  tuer les bœufs. « Ainsi, une vingtaine de jeunes de Gama-Béréma se sont mobilisés pour dire qu’ils allaient saccager la gendarmerie de Guéasso pour libérer les jeunes. La tension était vive, mais après explication ils ont compris, ils ont demandé pardon et ont rebroussé chemin ». Seulement voilà, un bouvier parti la nuit dans son parc pour déguerpir ses bœufs du village appelé Demgbesso, a été violemment passé à tabac par des villageois qu’il a rencontrés à son retour. « Ils l’ont frappé sur la tête avec des cailloux. » L’éleveur a été transporté à l’hôpital de Lola, avant d’être évacué à l’hôpital régional de Nzérékoré.

Mamadou Bamba, chargé de la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs, a indiqué que tout est parti lorsque les enfants d’un certain éleveur du nom d’El Hadj Gouro Boly ont appréhendé un jeune villageois, pris pour un voleur dans leur parc à bœufs. Ils l’auraient frappé puis l’ont gardé jusqu’au matin pour l’envoyer à la préfecture de Lola. En cours de route, suite aux cris du jeune, des villageois sont sortis secourir le jeune. En représailles, ils ont frappé les enfants d’El Hadj Gouro. Grâce à l’intervention de la gendarmerie, les trois blessés ont été transportés à l’hôpital régional de Nzérékoré. Mais après une rumeur a circulé disant que le jeune agriculteur est mort. Ainsi, les villageois sont entrés dans les parcs, pour abattre les bœufs. « Alors que c’est faux, le jeune n’était pas mort. Mais avec tout cela, ils n’ont pas compris », a expliqué le chargé de la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs.

Le kilo de viande, à 8 000 FG

Selon Mamadou Bamba, du mardi 14 au vendredi 17 octobre, les villageois ont continué le pillage, abattant des bœufs partout. Un cas particulier s’est généralisé. « Le vendredi 17 octobre, le soir, ils ont attaqué mon parc pour tuer 235  bœufs. Mon ami à côté en a perdu 230. Ils ont tué 277 bœufs du secrétaire général de notre bureau régional. Présentement, les gens quittent d’autres sous-préfectures où il n’y a même pas d’élevage, pour venir s’attaquer à nos bovins, les tuer pour envoyer la  viande au Libéria, en Côte d’Ivoire et dans d’autres districts. Aujourd’hui (20 octobre Ndlr), on apprend que dans certains villages, le kilo de viande est vendu à 8000fg, à cause de la sur abondance de la viande. De mardi à maintenant, aucune intervention par rapport à cette affaire, ils sont en train d’abattre les bœufs pour emporter la viande. Nous avons demandé à l’autorité de nous aider ».

Mamadou Bamba confirme qu’un bouvier du nom de Sambo Sangaré, 40 ans, a été attaqué dans le village de Demgbesso, il a été frappé à coups de crosse de fusils de chasse. « Il est alité à l’hôpital de Nzérékoré, dans le coma », a dit le chargé de gestion de conflits entre éleveurs et agriculteurs. Le ministre de l’Elevage Félix Lamah est dans la région depuis le 17 octobre, pour tenter de résoudre la crise.

Mamadou Adama Diallo