Le prix Nobel de la paix 2025, un prix international créé conformément au testament d’Alfred Nobel, a été proclamé le 10 octobre, par le Comité Nobel norvégien à Oslo (Norvège). Il a été décerné à Maria Corina Machado, activiste de la société civile du Venezuela. Il y a quelqu’un que cette distinction a particulièrement frustré, dérangé. C’est Donald Trump. Et pour cause ! Le Président américain désirait ardemment le Prix Nobel de la paix 2025, comme consécration de ses efforts homériques en faveur de la paix, au Moyen-Orient, entre les Israéliens et le Hamas. Que nenni !

Comme à son habitude, Trump n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, pour satisfaire son désidérata. Dérogeant aux us et aux coutumes du Comité Norvégien du Prix, il s’est mis à crier sur tous les toits que de tous les candidats, il est celui qui a les atouts pour l’emporter. Quand la fanfaronnade et la suffisance nous tiennent ! Pire, Trump a même menacé la Norvège d’alourdir ces tarifs douaniers s’il n’était pas lauréat. Sanction bien loufoque et ubuesque. On n’avait encore pas vu jusqu’à Donald Trump, un postulant à cette prestigieuse distinction proférer des menaces contre le pays de Nobel, ni contre les membres du Comité. N’est-ce pas manquer d’humilité et de courtoisie que de prétendre, lors d’une compétition, être le meilleur et menacer de sanctions indécentes les institutions et les hommes qui l’organisent ?

D’ordinaire à la fois iconoclaste et versatile, Donald Trump n’a pas voulu être un candidat normal, classable. Pourtant, bien avant lui, des présidents américains (Theodore Roosevelt, Woodrow Wilson, Jimmy Carter et Barack Obama) ont vu leur contribution à la paix récompensée par le prix Nobel. Cependant, aucun d’eux n’avait poussé des esclandres intempestifs et usé de frasques pour exercer des pressions condescendantes afin d’arracher des faveurs et de la Norvège et du Comité du prix Nobel. Tous ont été nominés en référence à la consistance de leur apport à la conquête et à la préservation de la paix dans le monde.

De quel activisme pour la paix Donald Trump peut-il se prévaloir pour exiger qu’on lui décerne le prix Nobel de la paix 2025 ? Au moment où il poussait des cris d’orfraies, la guerre à Gaza faisait rage et aucune solution viable et réaliste du conflit russo-ukrainien n’était en vue. Or, c’est sur le règlement de ces deux conflits qu’il espérait engranger le prix Nobel de la paix. Et puis l’intention d’annexer le Groenland, la suggestion faite au Canada d’intégrer les États-Unis et les tarifs douaniers exorbitants et discriminatoires concourent-t-ils à la paix ? Rien n’est moins sûr. L’homme fort de Mar-a-Lago a tout bonnement donné l’impression de mettre la charrue devant les bœufs. Ou de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Mais voilà que le 10 octobre, Donald Trump n’a pas été nominé. Ni ses menaces ni ses déclarations à l’emporte-pièce n’ont impressionné personne. Elles n’ont point impacté l’opinion des dirigeants norvégiens et des membres du Comité du prix Nobel de la paix. Les biceps de Trump n’effarouchent pas grand monde. Rambo a été recalé.

Abraham Kayoko Doré