Bon, mes chers amis, installez-vous. Aujourd’hui, on va rigoler un peu. Ou pleurer, c’est selon. De toute façon, en Guinée, rire ou pleurer, c’est presque la même chose. Alors autant choisir le rire, non ? Au moins ça ne coûte rien. Et Dieu sait qu’on n’a plus rien à dépenser ! À fakoudou !
Notre Général bien-aimé est fatigué. À son âge ! Hihi ! Haha ! Tout comme notre Fini national, jamais qualifiée en coupe du monde. La vache !
Bon, parlons sérieusement de notre qualification à la Coupe du Monde. Vous savez quoi ? On n’a jamais été qualifiés. Jamais ! Depuis que le ballon rond existe, depuis que la FIFA compte ses billets, depuis que les stades ont des tribunes – jamais. Et là, on vient encore d’être éliminés. Mais franchement, où est le problème ?
Moi je dis, on devrait changer les règles. Pourquoi attendre de gagner des matchs pour se qualifier ? C’est compliqué ça ! On devrait demander une qualification automatique. Hé Kéla ! Après tout, on a la bauxite, non ? On leur dit : « Pas de bauxite, pas de Coupe du Monde ! » Qu’ils organisent leur compétition avec quoi alors ? Avec du sable ? Et puis d’abord, pourquoi jouer ces matchs de qualification fatigants ? On peut simplement envoyer une lettre à la FIFA : « Chers amis, nous sommes qualifiés. Préparez nos maillots et nos chambres d’hôtel. Cordialement, La Guinée. » Voilà, problème réglé ! On économise même le carburant des déplacements. Les caisses sont vides de toute façon, alors autant se qualifier sans jouer. C’est plus rentable. Où est le problème ?
Et qu’ils n’oublient pas d’imprimer nos médailles aussi, qu’on ne se fatigue pas à aller les chercher sur le terrain. Nous, on les portera directement à l’aéroport.
Alléluia ! Au moins, dans ce pays, on sait perdre avec élégance – et rire avec indigestion.
Mon Colonel ne voulait pas m’écouter.
– « Moi, je drague des nanas superbes sur TikTok. Et toi, pauvre journaliste ? »
J’ai failli lui répondre: «Moi, je drague la vérité…mais elle m’évite, la coquine !» À fakoudou !
Depuis que le pays a découvert les filtres TikTok, même les mensonges portent du fond de teint. Wallahi, le Colonel poste plus de vidéos qu’il ne signe de rapports. Ses discours ont des cœurs, ses promesses ont des vues, et ses opérations de terrain se font désormais en live, avec musique d’ambiance. Allure infos point n’importe quoi ! Hé Kéla ! Le jour où il faudra défendre la patrie, il faudra d’abord vérifier si le réseau passe bien.
La Guinée, c’est hihi ! Ou haha ! Ah, la Guinée ! Ce pays béni où tout finit en éclat de rire – ou en coup de gueule, selon la météo politique. Ici, on ne pleure pas : on dit “hihi” quand on souffre et “haha” quand on s’en fout. À fakoudou !
Le rire, c’est notre service public le plus fiable. Quand l’eau ne coule pas, on rigole. Quand le courant saute, on éclaire nos visages avec nos dents. Wallahi ! Même les factures sont drôles : elles te font rire jaune avant de te faire pleurer vert. Hé Kéla ! On a inventé une démocratie comique où tout le monde joue un rôle – sauf le peuple, qui regarde la pièce debout, faute de sièges.
Ici, le sérieux est un délit et l’ironie, une arme de survie. On rit de nos malheurs pour ne pas les prendre au sérieux – et nos dirigeants rient aussi, mais pour d’autres raisons. Hihi, c’est le citoyen qui se débrouille ; haha, c’est le ministre qui s’en tire. Et tout ce beau monde finit par dire en chœur : « On Chen fout ! Tant que le rire est gratuit, la vie continue. »
– « Mon Colonel, qu’est-ce que j’apprends là ? Vous avez porté plainte contre une influenceuse ? »
– « Oui, camarade journaliste ! Elle a sali mon honneur ! Elle a dit que mes abdos sont en carton et que ma berline est à crédit ! Je ne parle même pas des quinze mille dollars ! »
– « Hé Kéla ! Et vous, vous n’aviez pas liké toutes ses vidéos ? »
– « Si, mais c’était dans le cadre du renseignement stratégique ! »
– « Ah bon ? Et la vidéo où vous dansez avec elle en uniforme ? »
– « Ça aussi, c’était pour infiltrer les réseaux ennemis. »
– « Les ennemis ou les stories ? »
– « Tu manques de respect, camarade journaliste ! Je défends l’honneur de la République ! »
– « Wallahi, à ce rythme, la République va finir par ouvrir un ministère de la Drague et des Litiges Amoureux ! » À fakoudou !
Depuis cette plainte, tout Conakry s’enflamme. Les médias sociaux font des débats : « Le Colonel est-il victime ou influenceur caché ? » Les internautes votent : Team Abdos vs Team Filtre Beauté. À fakoudou ! Même les juges de Dixinn ont demandé une audience en direct sur TikTok.
La Guinée, mon frère, c’est le seul pays où un procès d’amour devient affaire d’État, et où la justice se rend à coups de likes. Haha ! Si Molière vivait encore, il aurait demandé la nationalité guinéenne.
Mon Colonel est fâché. Très fâché. Il boude même son miroir depuis une semaine. Nous, on va venir pour le calmer – avec du gingembre et des excuses sucrées. Parce que chez nous, la vie, c’est une question de choix… ou de soi. Oui, soi, pas de foi ! Chat ne fait rien ! Depuis que les militaires ont commencé à compter l’argent à la place des caissières, mon chat a pris peur. Wallahi ! Même l’intelligence artificielle a demandé un visa pour aller réfléchir ailleurs. À fakoudou !
Ce pays est devenu un laboratoire d’expériences mystiques : on remplace les économistes par des colonels, les guichets par des gradés, et les caissières par des ordres de mission. Résultat ? Mon chat est déconnecté, le peuple est en mode avion, et les billets sont en cavale. Hé Kéla ! On dit que la monnaie circule, mais chez nous, elle fait du cache-cache.
Moi, j’ai demandé à mon chat de m’expliquer pourquoi rien ne marche. Il a répondu : « Erreur 404 : logique nationale introuvable. »
On Chen fout ! Si même l’intelligence artificielle commence à fuir, qui va encore raisonner dans ce pays ? Peut-être mon Colonel, s’il finit par se reconnecter… après la sieste. Hé Kéla !
Et justement, parlons-en ! Mon Général ne va pas se présenter, non, non, il est trop humble pour ça. C’est le peuple qui va le présenter à sa place !
Wallahi, c’est la première fois qu’un candidat se cache et que les électeurs le poursuivent avec des affiches ! À fakoudou !
On dirait un mariage arrangé : le mari dit non, la belle-famille dit oui, et tout le monde finit à la mairie. Hé Kéla !
Chez nous, la démocratie, c’est comme une surprise-partie : même celui qui ne veut pas venir finit par couper le gâteau. Le peuple va le présenter, le peuple va l’élire, le peuple va même applaudir pendant qu’il prête serment. Et si le Général ose dire « je ne veux pas », on lui répondra « trop tard, mon frère, on a déjà imprimé les t-shirts en Inde ! »
Nous, au Lynx, on n’est pas des vandales. Non, non ! On est des amoureux de la vérité — mais la vérité, chez nous, c’est comme une belle-mère : dès que tu la fréquentes trop, on t’en veut ! Cependant, on nous emprisonne, on nous vandalise, alors qu’on suit et qu’on accompagne sagement la marche de la République… à pied, parce qu’on n’a plus de voiture de reportage. À fakoudou ! Nous, on écrit, on rit, on gratte un peu là où ça démange — et tout de suite, on devient suspects. Wallahi, si rire est un crime, alors qu’on nous condamne à perpétuité ! Mais malgré tout, on tient bon. On remercie nos lecteurs, nos annonceurs. Hé Kéla !
Sambégou Diallo
Billet
Un chat m’a conté
Il avait juré de faire l’amour à la Guinée, tendrement, passionnément, comme dans un feuilleton du soir. Quatre ans plus tard, la lune de miel, le fuel et l’absinthe sont épuisés. Le Général, mari déboussolé, ne sait plus s’il doit raviver la flamme… ou demander le divorce national ! Mari fatigué, il ne sait plus s’il doit divorcer ou se représenter ! Hé Kéla !
SD



