Les Guinéens se rendront aux urnes le 28 décembre pour élire leur prochain Président de la République. Neuf candidats, dont le Président de la transition, sont en lice. Qui sont ces hommes et femme qui ont décidé de « défier » Mamadi Doumbouya ?
Sur 51 dossiers de candidature à la présidentielle du 28 décembre, la Cour suprême n’en a validé que neuf. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Alpha Condé absents du pays, des outsiders comme Lansana Kouyaté et Ousmane Kaba écartés, Aliou Bah en prison, d’autres, moins connus tentent de jouer les troubles fêtes. Parmi ces neuf candidats, des habitués de la course à la présidence, des novices et candidats jusque-là méconnus du public. Mais qui sont-ils vraiment ?

Mamadi Doumbouya : 41 ans, ancien de la légion française, Mamadi Doumbouya a pris les rênes du Groupement des forces spéciales, unité d’élite de l’armée guinéenne, en 2018. Il prend le pouvoir le 5 septembre 2021 à l’issue d’un coup d’État contre Alpha Condé. Il avait promis de ne se présenter à aucun scrutin. Il a fini par changer d’avis. Mamadi Doumbouya demeure le grandissime favori.

Abdoulaye Yéro Baldé : 60 ans, né en Côte-d’Ivoire. Économiste de formation, il a travaillé à l’international, notamment à la Banque mondiale et à Global Alumina (New York). Premier vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée, il milite au RPG. Abdoulaye Yéro Baldé entre au gouvernement en 2016 en tant que ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique…C’est lui qui a initié le processus de biométrisation des étudiants, pour éradiquer les doublons et les fictifs. Il a jeté l’éponge en 2020 pour protester contre le tripatouillage constitutionnel… C’est sa première participation à une présidentielle.

Abdoulaye Kourouma : La quarantaine, diplômé en Sciences économiques et de Gestion, il en est à sa deuxième participation. En 2020, il a récolté moins d’un pour cent à la présidentielle. Ce businessman a été élu député en mars 2020 et fut membre du bureau de l’Assemblée nationale sous la 9e législature. Abdoulaye Kourouma a commencé la politique au sein de l’Union pour le progrès de la Guinée, UPG, de feu Jean-Marie Doré, avant de créer sa propre formation politique, le RRD (Rassemblement pour la renaissance et le développement).

Ibrahima Abé Sylla : septuagénaire, natif de Kindia. Il a rejoint les États-Unis dans les années 70. Il y a fondé AIS Engineering (Asia Infrastructure Solutions) qui intervient dans les domaines des télécommunications, mines et énergies. Il rentre en Guinée en 2010, pour se présenter à l’élection présidentielle sous les couleurs de la NGR (Nouvelle génération pour la république). Il arrive en 4e position. En 2020, il est élu député à l’Assemblée nationale. L’homme d’affaires entre au gouvernement en novembre 2021, en tant que ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures. Il a été limogé 9 mois après, suite à des délestages récurrents à Conakry et des scandales au sein de son département.

Makalé Camara : Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et des forêts entre 1994 et 1996, des Affaires étrangères entre décembre 2015 et août 2017. Makalé Camara est membre du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires en Guinée (REFAMP). Une organisation qui œuvre dans la défense des droits des femmes en Guinée. La présidente du parti FAN (Front pour l’alliance nationale) a également occupé les fonctions d’ambassadeur de la Guinée au Sénégal, en Gambie, au Cap-Vert et en Mauritanie (2002-2007) puis en France, Espagne, au Portugal et à Monaco (2007-2011), représentante de la Guinée à l’UNESCO… Elle avait participé à la présidentielle de 2020, a récolté moins de 1%.

Faya Millimouno : Né en 1962, originaire de la Guinée-Forestière, Faya a enseigné à l’École normale supérieure de Manéah avant de s’envoler au Canada, pour des études. Il commence sa carrière politique dans les années 90 au sein du PGP d’Abdoulaye Portos Diallo. Mais il s’est révélé aux Guinéens en 2010 en tant que militant du parti NGR et directeur de campagne du candidat Abé Sylla. Il prend ensuite le poste de vice-président du parti. Faya Millimouno décide par la suite de tracer son propre chemin, en créant le Bloc libéral en 2013. Il participe à la présidentielle d’octobre 2020. Faya se définit comme le candidat idéal pour changer les choses en Guinée : « Nous avons promis aux Guinéens la rupture, l’occasion là est bonne…Aujourd’hui, rien qu’avec son bilan, le CNRD est déjà perdant. Mes chances de battre Doumbouya sont très bonnes », se convainc-t-il.

Bouna Keïta : Président du Rassemblement pour une Guinée prospère (RGP), l’homme d’affaires Bouna Keïta était aussi de la partie en 2010. Avec moins d’un pour cent au premier tour, il rejoint le candidat Alpha Condé au second tour. Il a aussi participé aux législatives de 2020 et a siégé à l’Assemblée nationale sous Amadou Damaro Camara.

Mohamed Nabé : Entré en politique en 2023, il est candidat du parti Alliance pour le renouveau et le progrès(ARP). Nabé est originaire de Dabola. Sortant de la Suffolk University de Boston aux États-Unis, il a occupé le poste de Directeur général du Fonds national pour l’insertion des jeunes, a travaillé à la Société générale des banques en Guinée. Mohamed Nabé dit proposer aux Guinéens un projet politique s’articulant autour de six axes majeurs : la réconciliation nationale, la lutte contre l’ethnocentrisme, le développement de l’éducation, celui des infrastructures, la promotion de la bonne gouvernance, la transformation locale des ressources minières et l’autonomisation des femmes.

Mohamed Chérif Tounkara : l’un des deux seuls candidats indépendants, il est la véritable révélation de cette présidentielle. Septuagénaire, il est né en Sierra-Leone et y a passé une partie de sa vie. Il fait affaire dans la vente de d’or et du diamant, dans des pays comme le Mozambique, le Kenya, la RD Congo, la Tanzanie, le Madagascar… Il justifie sa candidature par sa volonté de sortir la jeunesse guinéenne du chômage.
Yacine Diallo


