Les 29 et 30 novembre, le Premier ministre a lancé les travaux de reconstruction des axes routiers Mamou-Labé et Mamou-Faranah. Sur fond de campagne électorale, les autorités promettent de mettre fin au calvaire des usagers des nationales numéros 2 et 5.

La campagne pour la présidentielle du 28 décembre prochain démarre, les autorités de la transition en profitent pour ouvrir des chantiers un peu partout à travers le pays et inaugurer d’autres. Décidé de faire le plein de l’électorat au Fouta-Djalon et en Haute-Guinée, Bah Oury qui est le directeur de campagne de Mamadi Doumbouya, a choisi Labé pour lancer officiellement la reconstruction des 135 kilomètres de route séparant cette ville de Mamou. Le lendemain 30 novembre, le Premier ministre a mis cap sur la Ville-Carrefour pour lancer les travaux du tronçon Mamou-Faranah (187 km). Le choix n’est pas anodin. Il s’opère au lendemain du lancement de la campagne électorale dont l’enjeu réside plus dans le score qui sera affecté à Mamadi Doumbouya que sa victoire annoncée.

Les travaux de reconstruction sont exécutés par notamment Henan Chine. Le Premier ministre Amadou Oury Bah et des cadres de l’administration ont donc fait d’une pierre deux coups : lancer chantiers routiers et… campagne électorale dans un bastion de l’UFDG, principale formation politique opposée à la gestion de la transition.  

Des chantiers prioritaires pour Doumbouya

Selon le représentant de Henan Chine, la route Mamou-Labé sera répartie en trois lots, exécutés par trois entreprises pendant deux ans et demie. Il s’engage à effectuer le travail conformément au cahier des charges : « Nous renforçons notre engagement à respecter entièrement les obligations du contrat et mener le projet avec le plus grand standard de qualité, sous la gestion du ministère des Infrastructures publiques et de l’AGEROUTE. Nous mettrons tout en œuvre pour faire de cette route un ouvrage durable et bénéfique pour la population. »

Pendant la construction de l’Échangeur de Bambéto à Conakry, des jeunes de la zone ont été « fortement impliqués ». Une expérience que les autorités promettent de dupliquer au Fouta. « Nous assurons la population de Garambé [sous-préfecture ayant accueilli la cérémonie du lancement] qu’il y aura une indemnisation et que personne ne sera oublié. Nous allons travailler ensemble et les jeunes de Garambé participeront à ce projet comme les jeunes de Bambéto l’ont fait. On compte sur vous, parce que nous avons réussi ensemble la ligne haute tension, c’est pour cela que Garambé a le courant 24h/24 », se veut rassurant le ministre des Infrastructures, Laye Sékou Camara.

« Score particulièrement élevé »

À Garambè, le Premier ministre a insisté sur l’importance des deux projets pour le gouvernement : « Le lancement des travaux Mamou-Labé et Mamou-Faranah revêt une dimension symbolique et particulière. Nos populations ont souffert ces dernières années de la dégradation continue de ces deux axes. Ces routes constituent les veines essentielles par lesquelles le flux commercial et des passagers irriguent l’ensemble de notre territoire national. Les pertes en termes de croissance économique du fait de cette dégradation sont incalculables. C’est la raison pour laquelle le Président de la République avait inscrit la réfection de ces routes comme priorité nationale… Récemment, il disait tant qu’on n’a pas lancé les travaux Mamou-Labé et Mamou-Faranah, il ne se sentira pas à l’aise. Aujourd’hui, il va se sentir dans une meilleure posture. »

Bah Oury a profité de son séjour foutanien, pour appeler à voter massivement pour Mamadi Doumbouya le 28 décembre : « Votez pour le général Mamadi Doumbouya pour lui permettre d’avoir un score particulièrement élevé. En votant pour lui, vous votez pour vous. Les réalisations qui ont commencé vont doubler, ce n’est qu’un début. Nous voulons aller loin. Pour aller loin, il faut de la stabilité. Continuez le processus engagé. Pour cela, votez Mamadi Doumbouya le 28 décembre 2025. »

De là à dire que le Premier ministre Bah Oury fait du troc (vote pour Doumbouya contre services sociaux de base), il n’y a qu’un pas que d’aucuns ont vite franchi.

Yacine Diallo