Bien que des travaux de reconstruction aient été annoncés fin novembre dernier, la situation de la route nationale n°5 (RN5), reliant Mamou à Labé via Dalaba et Pita, continue de susciter de vives inquiétudes. Les fortes pluies des six derniers mois ont gravement détérioré cet axe stratégique. Résultat : pour de nombreux usagers, voyager sur cette route relève d’un véritable calvaire, décrit parfois comme « un enfer sur terre ».

Fini la saison des grandes pluies en Guinée. Mais les conséquences, elles, demeurent visibles. Après la boue, bonjour les nuées de poussière. Pour parcourir les 135 kilomètres séparant Mamou de Labé, il faut désormais entre six et sept heures de route, soit près de deux heures pour chaque 50 km, selon le type de teufteuf. La chaussée est criblée de nids d’éléphants, de crevasses profondes, et à maints endroits, le bitume a foutu le camp depuis des années. Déjà très fréquentée, en cette période de campagne électorale, la RN5 devient un sujet de promesse électorale récurrente. Pour les voyageurs, le trajet s’apparente chaque jour un peu plus à une épreuve de survie.

Mamadou Malal Baldé, commerçant habitué de l’axe Labé–Conakry, témoigne de la souffrance quotidienne des usagers : « Chaque semaine, je fais le trajet Labé–Conakry, mais le temps perdu est énorme. La route est impraticable entre Mamou et Labé. On alerte à chaque fois, rien ne change. Je peux même vous dire qu’en ce moment, ça va encore ; c’était pire pendant la saison des pluies. On nous annonce toujours des travaux, on colmate quelques nids de poule, puis tout le calvaire revient. Le délai de 36 mois annoncé récemment par le gouvernement, c’est trop long, c’est une torture pour nous…»

En avril dernier, les autorités avaient pourtant présenté un vaste projet de reconstruction des 135 km de la RN5. Le chantier, confié à des entreprises chinetoques, devrait durer entre 24 et 36 mois.

En dépit de l’état catastrophique de la route, les usagers dénoncent des tracasseries infligées par les pandores de la brigade (im)mobile, postés le long du trajet. Ces pandores réclament entre 5 000 et 20 000 GNF à chaque chauffeur, en lieu et place de sanctions ou reçus de contraventions routières.

Saïkou Amadou Bah, chauffeur, dit ne plus supporter ces pratiques : « À chaque check-point, on nous demande de l’argent. Parfois 20 000 GNF, si tu transportes beaucoup de bagages. Si tu ne payes pas, ils te font une fouille complète ou t’obligent à tout décharger. De toute façon, tu vas payer… Alors autant donner dès qu’ils te tendent la main, pour ne pas perdre assez de temps. » Il se plaint également de trop fréquenter les garages de réparation, après ses voyages.

Le 29 novembre dernier, en visite à Labé, le Premier ministre, Amadeus Oury Bah, également dirlo de campagne de Mamadi Doum-bouillant, a présidé la cérémonie de lancement des travaux de réhabilitation de la RN5.

Mais en attendant l’avancée concrète du chantier, chauffeurs et passagers tirent la sonnette d’alarme, face à des risques croissants : accidents, agressions de coupeurs de route, usure accélérée des véhicules et stress permanent. D’ici-là, attachez vos ceintures, le calvaire est loin de finir.

Abdoulaye Bah,

Envoyé partial