Dans une adresse solennelle faite le 7 décembre via les réseaux sociaux, Cellou Dalein Diallo appelle la population à boycotter le scrutin du 28 décembre prochain. L’opposant assimile cette élection à une « mascarade » taillée sur mesure pour le Président candidat, Mamadi Doumbouya.

Comme au référendum du 21 septembre dernier, Cellou Dalein Diallo ne compte pas la junte du CNRD en roue libre pour la présidentielle du 28 décembre. Le président de l’UFDG, écarté du scrutin, a dicté, sans équivoque, la marche à suivre : pas question de s’associer à ce qu’il considère comme une « mascarade électorale » visant uniquement à donner à Mamadi Doumbouya un « semblant » de légitimité. Pourtant, les adversaires du candidat du CNRD appellent de tous leurs vœux ces leaders à donner consigne de vote en leur faveur. Mais Cellou Dalein Diallo s’y refuse. Pour lui, la présidentielle se tiendra sans l’UFDG. Il appelle ses militants, au-delà, les Guinéens, à boycotter purement et simplement l’élection: « Un soi-disant scrutin organisé par des gens nommés par le candidat Mamadi Doumbouya et qui détient toujours le pouvoir de les nommer ou de les démettre, ne peut être une élection. L’UFDG ne participe pas à une mascarade, ni directement ni indirectement. L’UFDG ne soutiendra aucun candidat qui prend part à ce deuxième coup d’État orchestré par Mamadi Doumbouya contre le peuple de Guinée. »

À l’heure où la presse est muselée, les opposants traqués, les manifestations étouffées, Cellou reste persuadé que seul le boycott est l’arme puissante pour montrer son opposition face à la situation actuelle. Il dit opter pour cette forme de protestation, non pas pour « fuir le combat, mais pour défendre la République et le droit du peuple de choisir librement ses dirigeants à travers des élections inclusives, libres et transparentes. » Le leader de l’UFDG estime que le boycott exprime également un refus de continuer avec une « gouvernance mortifère marquée des violations massives des droits de l’homme et des libertés publiques. »

MATD, DGE, garants de la mascarade ?

Pour les élections désormais en Guinée, la CENI cède sa place à la Direction générale des élections. Entité rattachée au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation. C’est un secret de polichinelle de dire que les cadres travaillant dans ces deux structures doivent leur nomination au Président et candidat, Mamadi Doumbouya. Peuvent-ils s’affranchir des diktats du CNRD et de son président ? Non, jure le président de l’UFDG : « Le ministère de l’Administration du territoire organise ce soi-disant scrutin. Un ministère dirigé par un Général placé sous l’autorité du candidat Mamadi Doumbouya. Tous les gouverneurs, préfets et sous-préfets sont des officiers ou sous-officiers de l’armée, de la gendarmerie ou de la police. Ils sont nommés par décret, tenus par la solidarité de corps et la discipline administrative et militaire. » Cellou appelle les populations à éviter de jouer les acteurs d’un « scénario écrit à l’avance et qui va se traduire par la continuation de cette gouvernance mortifère que nous venons de rappeler. Votre abstention dans la paix et dans la dignité sera un acte fort de résistance et de patriotisme. »

L’opposant jure que participer à cette élection reviendrait à cautionner tout ce qui se passe en Guinée comme kidnappings « suivis de tortures », les disparitions forcées d’opposants et d’activistes, les condamnations arbitraires ou encore les assassinats pendant les manifestations. Cela mérite d’être clair.

Yacine Diallo