Plus dun mois après le lancement du projet minier Simandou par le général Mamadi Doumbouya, le Forum des Forces sociales de Guinée (FFSG) relève des zones d’ombre. Dans un mémo du 20 décembre, il appelle à plus de vigilance et de transparence.

Le projet minier Simandou, l’un des plus grands d’Afrique, est censé enclencher le développement économique et social de la Guinée. Mais, il suscite inquiétudes et interrogations autour des négociations sur l’exportation du minerai de fer, le paiement des taxes minières, le transfert de technologie, la gestion du contenu local…

Le mémo du Forum des Forces sociales de Guinée veut tirer la sonnette d’alarme sur les éventuels manquements aux normes et aux intérêts des Guinéens, à commencer par leurs droits à l’information et à un développement inclusif. Le FFSG dénonce une convention « mystérieuse », caractérisée de zones d’ombres au préjudice de la Guinée.

Sur le respect des lois et traités, le mémo déplore le démarrage de l’exploitation du minerai de fer de Simandou avant la publication des versions renégociées des conventions minières et de la convention de co-développement de 2023. Ce qui est contraire, selon le FFSG, aux dispositions du Code minier et « constitue une grande préoccupation » pour la société civile en matière d’accès à linformation publique. Il sinterroge sur la raison « de garder au secret » lesaccords, de « dissimilation des informations par les parties prenantes au projet, l’Etat guinéen notamment, en violation » des différents textes légaux.

Le FFSG veut savoir par ailleurs ce qu’on a fait du ticket dentrée de 99,5 millions de dollars payé par Winning Consortium Simandou, détenteur des blocs 1 et 2 à Kérouané. De l’argent « qui selon plusieurs sources crédibles naurait jamais été constaté » sur le compte du Trésor public, soutient le mémorandum.

« Préoccupations majeures »

Le FFSG s’interroge aussi sur le « choix moins ambitieux » de l’Etat guinéen, crédité de « 15 % d’actions gratuite, alors que le Code minier lui en donne la possibilité jusqu’à 35 %. » Et de s’interroger également sur les informations faisant état d’exonérations’ massives, disparates et étendues sur des années, accordées aux entreprises minières, « compromettant » les retombées financières attendues. « Il y a des préoccupations majeures en termes de transparence, de respect des normes environnementales et sociales, de collecte des recettes et de capacités d’intégration pour la partie nationale à l’effet de maximiser la rentabilité à hauteur des espoirs du peuple et sur la base de la qualité exceptionnelle du minerai », remarque le FFSG.

Les activistes exhortent la publication de tous les documents de base, conformément à la législation nationale. Faute de quoi, « elle planifiera et mettra en œuvre des actions pacifiques de protestation contre la dissimilation dinformations publiques et de réparation des droits. Il devient impératif pour la société civile et les défenseurs des droits humains de s’organiser et d’exiger des réponses claires à l’État et aux autres parties. »

Le Forum des Forces sociales de Guinée n’exclut pas de déposer de recours devant les tribunaux guinéens ou les juridictions sous-régionale et internationale, si les Guinéens ne sont pas éclairés davantage sur Simandou. Attendons de voir !

Yaya Doumbouya