Pour en finir avec le sextennat de trop d’Alpha Grimpeur, Dieu nous fit venir le général Mamadi Doum-bouillant qui brigue un septennat indu. Le candidat substitue les anciennes promesses non tenues par des nouvelles, plus lénifiantes.
S’échapper des griffes d’un octogénaire qui voulait mourir au trône pour tomber dans les mains d’un quadragénaire qui ne lâche plus le pouvoir conquis de hautes luttes : tel est le labyrinthe dans lequel baignent les Guinéens.
Le général Doum-bouillant avait pris « ses responsabilités » le 5 septembre 2021, pour parer au « dysfonctionnement des institutions républicaines, [à] l’instrumentalisation de la justice, [au] piétinement des droits des citoyens, [à] la gabegie financière. » Il avait promis de rendre le pouvoir après avoir fini de balayer la maison, jurant sur tous les saints de ne pas « faire partie de l’après transition. »
Puis revirement. La Charte de la transition, restrictive, fait place à une Constitution, ouverte qui « n’exclut aucun Guinéen » de la course au pourboire…sauf ceux qui pourraient faire de l’ombre à Doum-bouillant ? Toujours est-il que les poids lourds politiques, UFDG, RPG, UFR…ne font partie ni de la transition ni de l’après transition, leurs leaders frappés d’inéligibilité par la loi, la jus-triche ou l’administration du trottoir. Finalement, la grande muette, qui devait se tenir à l’écart du pouvoir, est la plus légitime à l’exercer. Qui a les armes commande les urnes. Le pouvoir est synonyme de force.
« Bâtir ensemble » est pourtant le slogan de campagne de Génération pour la Modernité et le Développement (GMD), le mouvement politique qui porte la candidature indépendante du Prési de la transition.
« Prévenir les dérives autoritaires »
Reclus et taiseux, le candidat de GMD préfère envoyer ses proches (ministres, parents et amis) battre champagne pour lui à travers le bled. Il s’est concocté un projet de société pour expliquer sa vision de la Guinée, axée sur le social, l’économie et la politique. « En ce moment décisif, le Général Mamadi Doumbouya répond à l’appel pressant du peuple et décide, par conséquent, de rester sur la scène politique pour continuer l’œuvre salvatrice, commencée le 5 septembre 2021, qui a déjà produit des résultats appréciables », justifie le doc de campagne. « La vision du candidat Mamadi Doumbouya est de bâtir une société juste, prospère et solidaire où chaque citoyen trouve sa place et contribue à l’essor collectif », renchérit-il.
Cela se fera en trois axes. Celui politique a démarré par une réforme constitutionnelle, qui sera suivie de la mise en place et l’animation des institutions pour favoriser « la stabilité, la prévention des dérives autoritaires (sic) et l’épanouissement du pluralisme et du débat démocratique. » Ça frise l’autoflagellation. Il promet de moderniser l’État et renforcer la justice. En s’emparant du trône, Doum-bouillant avait juré sur tous les marabouts de Nabaya que la justice serait la « boussole » pour tout le monde. Après, on a connu des opposants emprisonnés ou exilés ; d’activistes disparus ; des médias fermés…Tout ça à l’insu de Dame Thémis. Élu, il s’engage de remettre de l’ordre dans tout ça. Qui l’eût cru ?
Il s’engage également d’en finir avec la corruption. Il faudrait peut-être avant faire le bilan de la CRIEF qui n’a l’air de griffer que ceux qui sont en rupture de ban avec le pouvoir. Le candidat de GMD promet également de « renforcer la décentralisation, le développement local et la participation citoyenne. » En attendant, tout se décide depuis le Palais Mohammed V.
Le vent de la modernisation soufflera également au sein des farces de défense et de sécu, avec la mise en place « d’institutions sécuritaires professionnelles, républicaines et respectueuses des droits humains. » Histoire de « garantir la sécurité du territoire, la protection des populations et la stabilité nationale, tout en consolidant la confiance entre les citoyennes et citoyens et les Forces de Défense et de Sécurité. » Vaste programme.

Autres priorités
Adossé sur le programme Simandou 2040, l’axe comique ambitionne de développer l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, le commerce et garantir la sécurité alimentaire. Sur le plan des infrastructures routières, le projet égrène : la construction de 12 kms de route 2X2 voies dans la ville de Kankan ; le projet de construction de l’autoroute 2X2 Kagbélen-Kouriah ; la construction et le bitumage de voiries de 214 kms à Cona-cris ; construction et bitumage de voiries urbaines dans « les villes jamais bitumées » ; construction et bitumage de la route Labé-Mali (107 Km). Excusez du peu !
Sur le plan social, le candidat de GMD s’engage à garantir la paix et pour la cohésion sociale. « Avant le 5 septembre 2021, la Guinée était très divisée, le tissu social fragilisé. Quatre années après, l’espoir renaît pour bâtir une société de paix », s’enorgueillit-il.
« La réforme du système éducatif, dans sa globalité est une priorité du candidat. Cette réforme garantira la qualité du système éducatif guinéen. La réforme envisagée permettra de garantir l’éducation obligatoire et gratuite dans les écoles publiques pour tout Guinéen âgé de 5 à 17 ans », ajoute le projet de société. Cela passera par la construction de plus de 200 nouveaux établissements pré-universitaires ; extension et modernisation des 4 Écoles Régionales des Arts et Métiers dans les Régions (ERAM) ; celle de 25 Centres de Formation professionnelle (CFP).
Le volet social, c’est aussi la santé qui vise une couverture sanitaire universelle ; la construction de 100 centres de santé, entre autres.
Mamadi Doum-bouillant avait promis de ne pas être candidat, avant de revenir sur sa parole. Les Guinéens doivent le croire sur parole quant à ses ambitions pour la Guinée. Le retour à l’ordre constitutionnel était conditionné par la refondation du pays. Désormais, la même refondation sert à justifier la conservation du pouvoir. Alpha Grimpeur était vital au développement de la Guinée, laquelle ne peut pas aujourd’hui survivre une seconde sans le nouveau maître.
« Les cimetières sont remplis de gens indispensables ».
Diawo Labboyah


