Le prix Nobel de la paix est devenu pour Donald Trump ce qu’est la médaille pour le Vieux nègre dans le roman de Ferdinand Oyono, écrivain et diplomate camerounais. Cet ouvrage raconte l’épopée, sous la colonisation, d’un ancien combattant nègre qui tenait, comme à la brunelle de ses yeux, la médaille qui a récompensé ses hauts faits d’arme contre les Allemands.

Déjà, avant son retour dans le Bureau Ovale, durant la campagne présidentielle, Trump trépignait d’impatience d’arborer le prestigieux prix Nobel de la paix. Il a de nombreuses opportunités pour atteindre son objectif. Nombreux sont les foyers incandescents qui ne demandaient que des bonnes volontés pour s’éteindre. On peut noter pêle-mêle le sempiternel conflit entre Israéliens et Palestiniens ; la guerre d’invasion de l’Ukraine par la Russie ; le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge…

Grand faiseur de paix devant l’Éternel, le dirigeant du Pays de l’Oncle Sam a proposé sa gracieuse prestation pour l’extinction de ces différents foyers et apparaître, en tout état de cause, comme un homme capable de semer la graine de la paix et d’entretenir la concorde entre les hommes. Il avait même prédit qu’il réglerait le conflit à Gaza en 24 heures dès sa prise de fonction et ferait assoir à la table des négociations Russes et Ukrainiens en un temps record ! Ou de mettre d’accord les Congolais et les Rwandais.

Échec lamentable

On sait aujourd’hui que ses propos n’ont été que de vaine bravade car aucun des conflits auxquels Donald Trump faisait allusion n’a encore été réglé. Ils se poursuivent tous avec quasiment la même intensité. En réalité, les bravades du Président américain étaient une opération de séduction, de marketing politique en direction du Comité Nobel norvégien. Subjugué par cette distinction internationale, Donald Trump fait feu de tout bois pour mettre en exergue, à travers le monde, ses actions en faveur de la paix.

Mais ces gesticulations ponctuées parfois de menaces économiques (augmentation inconsidérée et discriminatoire des taxes de douanes) n’ont eu que peu d’effet sur les belligérants. C’est la montagne qui accouche d’une souris !

Par ailleurs, le Président américain s’est révélé plutôt comme un va-t-en-guerre. Dès son retour à la Maison Blanche, il a évoqué, à plusieurs reprises, l’idée saugrenue que le Canada soit le 51e État des Etats-Unis qui devraient également absorber le Groenland, pays constitutif du Royaume du Danemark. Mauvais perdant, il avait même menacé la Norvège, pays d’Alfred Nobel, d’alourdir ses tarifs douaniers en représailles à son éventuel ajournement.

Trump a ravivé à partir de 2024 la guerre commerciale qui coûte désormais très cher aux consommateurs américains, contrairement à ses promesses. L’unilatéralisme qui est au cœur de ses politiques est loin de promouvoir et d’entretenir la paix entre les nations. Il y a loin de la coupe aux lèvres. En réalité, Donald Trump a lamentablement échoué dans sa stratégie de devenir un prix Nobel de la paix.

Abraham K. Doré