Au cours d’un point de presse le 30 décembre à Conakry, la Cellule de veille numérique contre la désinformation en période électorale de l’institut Skynet Cyber Academy a dénoncé et démonté une vidéo mettant en scène un prétendu bourrage d’urnes, lors du scrutin du 28 décembre.
La vidéo de moins d’une minute montrant une scène de « bourrage d’urnes », est devenue virale sur les réseaux sociaux depuis le 28 décembre, jour de l’élection présidentielle en Guinée. On y voit deux individus se considérant membres de bureau de vote, en train de bourrer une urne posée au sol, dans une pièce sombre, éclairée en partie par la lumière du jour. Les deux individus ont été rejoints par une dame les saluant en langue kissienne, avant de s’assoir près d’eux. Mais la vidéo ne montre ni isoloir ni encre indélébile, ni fiche d’émargement, encore moins le numéro du prétendu bureau de vote ou la présence des autres membres du bureau de vote ou de superviseurs. Non plus de représentants des partis politiques ou autres électeurs.
La vidéo, décryptée et analysée par la cellule de veille numérique de Skynet Cyber Academy, ne fait aucun lien authentique avec l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre. Mamady 2 Traoré, le directeur général de l’institut Skynet Cyber Academy, parle d’une désinformation mal fabriquée. Selon lui, une trentaine de cas de désinformation ont été enregistrés avant, pendant et après le scrutin. Ces cas seront étudiés au cas par cas et publiés.
« La vidéo essaye de remettre en cause la transparence du scrutin présidentiel. C’est une mise en scène, un montage qui vise à porter atteinte à la crédibilité de l’élection. Elle pourrait amener des candidats au scrutin à contester des résultats électoraux. C’est de la pure désinformation. Rien ne soutient que la scène s’est déroulée en Guinée. Le fait qu’ils se saluent en langue kissienne dans la vidéo ne suffit pas. On peut le faire partout à travers le monde », soutient-il.
Nouhan Traoré, le Secrétaire général du ministère des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique, déclare que les metteurs en scène « bourrage d’urne » ont mis en place un certain nombre d’éléments (accoutrement, urne, bulletin…), mais auraient oublié de mettre en place de nombreux détails. « La scène ne correspond pas à la réalité. Nous avons utilisé des outils de recherche avancés, mais rien ne prouve que la scène s’est déroulée en Guinée. Le bureau de vote est noir alors que la lumière et l’accessibilité sont des critères non négligeables définis par la Direction générale des élections-DGE. Au sujet des kits, le bureau de vote ne dispose pas d’encre ni d’isoloir encore moins des membres de bureau de vote requis. Nous affirmons que la scène de prétendu bourrage est une désinformation qui vise à porter atteinte à la crédibilité et à la transparence des élections, afin de semer le doute dans la tête des Guinéens ».
Selon lui, le fait de parler le kissien contribuerait, pour les metteurs en scène, à imprimer un caractère authentique à la vidéo. « Cette désinformation est entretenue par des blogueurs et communicants qui visent à ternir l’image de nos élections et de notre démocratie. Ce qui est voué à l’échec face à la réalité des urnes et à la présence des observateurs nationaux et internationaux à travers le pays », soutient-t-il. Pour sa part, Lanciné Joé Condé, collaborateur du Skynet Cyber Academy, regrette le fait que des gens partagent de la désinformation sans le savoir, d’où « la nécessité » de poursuivre la sensibilisation et l’implantation des cellules de son institut, à travers la Guinée.
Yaya Doumbouya


