Officiellement, celle-ci ne connaissait pas l’avocat du prévenu, raison de ce retard. Argument trop léger, dira Me Baba Diop. Après la notification tardive, l’administration pénitentiaire a précisé également que la Guinée n’a pas réagi depuis. Autre problème, 30 jours après la signature du décret d’extradition, si le prévenu n’est pas extradé, il ne peut être détenu, en vertu des articles 71 et 77 du règlement sur l’extradition. « Cela veut dire que mon client ne peut pas être détenu au-delà du 11 mars », nous a précisé Me Diop, contacté par téléphone. Et si les autorités sénégalaises décident de ramener Toumba, malgré le silence de la Guinée, le robin prévient que ce serait une « expulsion au lieu d’une extradition ».
Recours en annulation
Outre ce retard dans la procédure d’extradition accusé par la Guinée, un dernier problème se pose. Selon l’avocat de Toumba, le décret de Macky Sall est illégal. Après cette notification tardive, Me Diop est parti prendre la copie du décret chez l’inspecteur de l’administration pénitentiaire. Ensuite, il a introduit un recours devant la Cour suprême de Dakar, le 10 mars, pour faire annuler le décret. Son argument est que l’avis de la chambre d’accusation selon laquelle « les conditions d’extradition de mon client étaient réunies est illégal, parce que la chambre a violé certains principes, donc le décret qui en découle est aussi illégal. Ça veut dire qu’en vertu des dispositions de l’article 63 de la loi sur la Cour Suprême, le recours est suspensif. Si le juge de la Cour suprême est d’accord avec moi que la procédure a été biaisée depuis le début, il va annuler le décret ». Mais quelle que soit l’issue, dit-il, son client ne peut rester en prison, il doit être libéré dans les prochains jours. Autrement ce serait une détention arbitraire.
Toutes les tentatives pour avoir la version du gouvernement guinéen ont été infructueuses. Le ministre Damantang nous renvoie à son collègue de la Justice, mais ce dernier est à l’étranger et son chargé de communication hors de la Guinée. « Tout le monde cherchait Toumba, mais personne ne voulait le trouver », ironise un observateur de la vie politique guinéenne.