A l’assemblée générale de l’Union des Forces Démocratique de Guinée, UFDG, du 10 février, frustrations et colères se voyaient chez les militants et sympathisants du parti. Gassama Diaby, le Khalif de l’Unité nationale et de la citoyenneté, y a fait une virée inattendue pour prêcher la paix suite aux violences postélectorales qu’enregistre notre bled depuis le scrutin du 4 février. A l’entame de son laïus, le ministre a déploré les propos tenus par Soriba Sorel, le candidat de l’UFDG dans la commune de Matam. « De toute ma vie, je n’ai jamais défendu un parti, ce n’est pas un camp ou un gouvernement que je défends, je défends quelque chose qui est plus grand que nous tous ici réunis, plus grand que l’UFDG, que le RPG, que l’UFR ou le gouvernement. Je défends la République de Guinée ».
Hué, le ministre poursuit : « Chacun est libre de penser comme il veut, mais si cette Guinée disparaît, l’UFDG, l’UFR, le RPG n’existeront plus. Je sais qu’il y a de la tension, de la frustration et de la colère. Je ne suis pas un juge. Je l’ai dit au RPG et je vous le redis ici. Je ne parle pas des partis politiques, car les partis en Guinée ne m’intéressent pas, c’est ma Guinée qui m’intéresse. Quoi qu’on fasse, quoi qu’on veuille, chacun d’entre nous doit quelque chose à ce pays. Faisons en sorte que quel que soit ce que nous subissons ou ce que nous voulons obtenir, que ce ne soit pas plus que la Guinée (…) A partir d’aujourd’hui, j’en fais un engagement sur le saint Coran, nous ferons le fichier de tous ceux, de Conakry à Yomou, feront des déclarations haineuses, d’appels à la violence, à la discrimination, à l’injustice, qu’il soit fonctionnaire, militant, responsable d’un parti politique. Je vous jure, je passerai le restant de mes jours à ce que ces personnes soient traduites à la Cour pénale internationale, parce qu’on n’acceptera pas que la Guinée soit brûlée. Je ne dis à personne de ne pas défendre ses droits. Il ne m’appartient pas de dire à quelqu’un d’accepter l’injustice ou d’accepter ce qui n’est pas acceptable ». Des huées ! Au nom du respect que le Khalif a vis-à-vis des droits de l’homme, la Petite Cellule Dalein Diallo a demandé le silence. Et l’hôte a enchaîné : « Ces derniers temps, nous avons assisté à des escalades verbales. Chacun dit ce qu’il veut et cela n’est pas acceptable. La paix n’est pas une épreuve pour les faibles contrairement à ce qu’on croit. On pense que ceux qui prônent la paix sont des faibles, non ! Ce sont ceux qui font la violence qui sont des faibles (…) J’ai écrit à la Cour pénale et à toutes les institutions internationales, je ne fais pas pour le gouvernement ni pour un camp, je le fais pour la Guinée. A partir de ce week-end, tous les réseaux sociaux, toutes les radios, toutes les personnes qui tiendront des propos contraires à la loi, seront avertis parce qu’ils seront poursuivis le jour où il y aura des problèmes. Et cela personne ne sera épargné. Je sens la colère dans la salle et cette colère je ne demande à personne d’être d’accord avec moi mais Dieu est témoin. Ce que je dis c’est la vérité. On fera aujourd’hui ce qu’on veut en Guinée mais on finira par cette vérité parce qu’on vivra ensemble. Les Rwandais ont connu le génocide, aujourd’hui, ils vivent ensemble hélas après des centaines de milliers de victimes. La Côte d’Ivoire l’a fait, la Sierra Léone, le Liberia… Il est possible de défendre ses droits, se battre contre l’injustice sans la violence. Quand vous êtes en colère c’est celui qui essaye de vous calmer qui est avec vous. Je m’adresse à vous en tant que bon Guinéen et bon militant de l’UFDG. Je vous prie de baisser la tension parce que la Guinée a besoin de vous ».
La Petite Cellule Dalein Diallo a remercié ses militants d’avoir voté activement le 4 février. Le jour du scrutin, se félicite-t-il, ils sont « allés voter en citoyens libres et participer à la campagne de sécurisation des votes ». Il admet qu’ils n’ont pas réussi à 100%, mais « les fraudes au niveau des bureaux de vote ont été limitées grâce à la vigilance des délégués et des équipes du parti, malgré l’utilisation illégale à certains endroits du vote par procuration au détriment de l’UFDG, en faveur du RPG. »
Le Prési de l’UFDG estime que les Guinéens ont sanctionné le 4 février l’Alpha gouvernance. L’opposition a fait les recours devant les tribunaux mais le problème est qu’on ne peut pas leur faire confiance. « C’est les mêmes juges qui ont présidé les CACV et ils ont reçu des consignes de manipuler les résultats pour priver l’UFDG et certains partis de leurs suffrages ». Quid des accords politiques ? « À chaque fois, on nous dit de privilégier le dialogue, on est fatigués! Combien de fois cet homme nous roule dans la farine ? On organise des manifestations, on dialogue de bonne foi, on fait des concessions, on obtient un accord politique qui n’a jamais été appliqué par M. Alpha Condé, parce que son ambition constant est de rouler les gens. Jusque-là on continue de nous voler ». Pour la vérité des urnes, la Petite Cellule Dalein et ses militants promettent de ne pas baisser la garde.