Le 12 mars, les femmes de Kaloum étaient dans rue. Elles manifestaient pour la réouverture des classes fermées à cause d’une grève syndicale. Pneus brûlés, routes barricadées, slogans hostiles au pouvoir ont ponctué la manifestation. C’était une première à Kaloum, une première aussi devant les portails de Sékhoutouréya. Pour « corriger l’erreur », les femmes de la presqu’île, initient le mouvement « Balai de paix ». Le 20 mars à Kaloum, munis de balais, les dames dégagé débris et stigmates de la manifestation du 12 mars. Elles demandent pardon au président de la République, Alpha Condé.
« Ce qu’on a fait est une première et ce sera la dernière. Chez nous à Kaloum, il n’y aura plus de violences. Nous demandons pardon au président Alpha Condé au nom de toutes les femmes de Kaloum, et de Guinée. On n’a pas été appelée par quelqu’un. L’initiative est de toutes les femmes de Kaloum qui se sont spontanément levées pour réparer des dégâts. On n’est pas là au nom d’une personne. On est là au nom des femmes de Kaloum. Nous appelons tous les Guinéens au dialogue, car la rue ne peut rien changer », explique Hadj Sonna Boiro, membre du mouvement Balai de paix.
Les femmes étaient échauffées, on voulait la reprise des cours. Mais ce qui s’est passé le lundi 12 mars, n’était pas du tout une bonne méthode. On pouvait faire autrement. Ça n’a pas été une bonne chose, parce qu’il y a eu de brûlure de pneus et de barricades, regrette-elle avant de trouver des bouc-émissaires : « Ce n’étaient pas en réalité des femmes responsables. Mais tout ce qui a été fait c’est au nom des femmes. On se sent vraiment coupable dans la mesure où ça a été fait par quelques femmes de Kaloum. Donc c’est nous. »
Le Balai de paix appelle les femmes de l’opposition à se joindre à elles pour mener un combat collectif. « La politique a trouvé qu’on est femme. La femme c’est la paix. C’est elle qui donne la vie. Si l’homme enlève la vie, la femme, par contre, ne le peut pas. On ne doit pas suivre la politique, on ne doit pas suivre les hommes pour faire des violences », ajoute Hadj Sonna Boiro.
« Nous demandons au président de la République de laisser tomber tout ce qui s’est passé. Nous sommes là pour qu’il nous pardon. Nous sommes ses mamans, nous sommes ses femmes, nous sommes ses sœurs. Il n’a qu’à nous comprendre. Nous étions fâchées juste parce que nos enfants n’allaient pas à l’école. Pardon à notre papa, à notre mari, à notre fils » renchérit une manifestante.