L’on dit souvent qu’il faut les prendre avec beaucoup de pincettes, les promesses d’un politicard. Malheureusement, habituées à un demi-siècle de calvaires dans les hôpitaux publics, les Guinéennes ont cru à la gratuité de la césarienne promise par l’opposant histo-risque Alpha Grimpeur, en 2010. Cette promesse annoncée avec tambour et trompette n’est qu’un leurre aujourd’hui, dans les hôpitaux publics du bled. Mais le cas du Centre Mères et Enfants de Coronthie attire une attention particulière. Ce centre qui a été ouvert par le “ frère jumeau ” du Grimpeur, Nanard Kouchner, fait payer la césarienne aux pauvres femmes qui ont cru avoir fui les tracasseries de l’hôpital national Ignace Deen, pour aller chercher justice là-bas. Pourtant, lors de son inauguration le 8 mars 2014, on avait promis des soins gratuits aux femmes de Guinée. L’édifice devrait sécher les larmes des nounous qui ont été meurtries dans leur chair, durant ces dernières années. Même qu’il est la résultante de plus cinquante ans d’amitié entre le Prési Alpha Grimpeur et son frère jumeau, l’ex-ministre des Affaires étranges de France, Bernard Kouchner. “ En ce moment, les femmes continuent d’accoucher dans ce bidonville à Coronthie par terre et elles continuent de se lever une demi-heure ou une heure après pour aller vaquer à leur occupation, à leurs enfants. Ça, j’espère que dans la Guinée de demain, ça sera fini. Je donne les clés de l’hôpital à mon frère jumeau, le Pr Alpha Condé. Et je donne ce cadeau pour les femmes de Guinée en général et de Coronthie en particulier ”. Nanard Kouchner ne pouvait pas être plus clair le jour de l’inauguration du centre de Coronthie.

Alpha Grimpeur avait rappelé que l’inauguration de ce centre est l’une de ses promesses de campagne pour offrir gratuitement des soins aux femmes enceintes et aux enfants. Il avait invité les femmes de Coronthie à prendre soin de cet édifice public. «La manière dont vous prenez soin de vos enfants, de la même manière, prenez soin de cet endroit (…) Kouchner dit que tout sera gratuit. Tout médecin qui se trompera pour demander un centime, giflez-le», avait conclu le locataire de Sékhoutouréya.

Mais si toutes les patientes qui se pointent là-bas, traduisaient dans les faits les propos du Prési Grimpeur, il n’y aurait plus de médecins, de sages-femmes ou d’infirmiers au CMC de Coronthie. Tous les prestataires auraient reçu leurs paires de gifle quotidiennes. Même la directrice n’allait pas y échapper. Puisque les femmes arrivent pour être soulagées, elles ne peuvent pas penser à gifler la personne qui est sensée les aider. Parce que tout simplement la personne a demandé de payer la césarienne ou les autres soins «gratuits». A présent, le minimum que les femmes enceintes payent pour la césarienne au Centre de Coronthie est une petite misère d’un million de francs glissants. Cash ! Sinon, l’on ne te regarde même pas. «J’ai accompagné ma belle-fille qui était en état de travail. Quand nous sommes arrivées, on nous a dit qu’il faut qu’elle soit opérée, parce que le bébé est gros. Ils m’ont dit de payer un million pour l’opération, j’ai dit que je n’ai que 400 000 FG. Il faut compléter, sinon personne touchera à ma belle-fille qui souffrait énormément. Le ton était ferme. Sans appel. Ma jeune-sœur qui nous a accompagnés avait 200 000 FG dans sa porte-monnaie, je les ai ajoutés sur les 400 000. J’ai demandé aux médecins de prendre les 600 000 FG et je me suis engagée à payer le reste le lendemain matin. C’est ainsi qu’ils ont fait entrer ma belle-fille dans le bloc opératoire. On m’avait dit dans le quartier que la césarienne était toujours payante, mais je ne croyais pas. Maintenant, moi-même je peux témoigner qu’elle est belle et bien payante au Centre Mères et enfants Bernard Kouchner de Coronthie ”, explique une dame. Même que dans la salle où elles étaient, toutes les femmes qui ont accouché par césarienne ont payé 1 000 000 FG chacune. Pauvre de nous !

Dédié aux femmes et aux enfants, le centre médico-communal de Coronthie était censé donner gratuitement des soins aux enfants et aux femmes au frais de l’Etat, y compris les prestations de ses agents. Apparemment, la césarienne n’est gratuite que dans la bouche. Puisque tout est payant à Coronthie, la Dr Bintou Bamba, la Directrice, devrait réclamer des frais de location à dame Condé Djènè Kaba qui occupe l’un des bureaux du centre. Elle ne doit pas manquer d’arguments. Surtout que ce n’est pas la promesse électorale du Prési Alpha Grimpeur que les médecins contractuels et les stagiaires du coin vont donner à leurs femmes pour faire bouillir la marmite.

Maïmouna Soumah