Les violences sexuelles sont un véritable fléau mondial. Avec les mariages précoces et forcés, les violences conjugales, les mutilations génitales féminines, les viols, les discriminations verbales, elles seraient le quotidien des nounous en Guinée selon la Commission Africaine des Droits de l’homme et des peuples. C’est dans ce cadre que le 12 décembre, Cona-cris a abrité une conférence régionale de promotion des lignes directrices pour la lutte contre les violences sexuelles et leurs conséquences en Afrique. La rencontre est organisée par la FIDH et ses partenaires de la société civile, l’OGDH, MDT, la plateforme des associations des victimes, avec un appui de la délégation de l’Union européenne en Guinée. Elle a mobilisé, outre les droits de l’hommistes guinéens, ceux des pays comme le Mali, le Sénégal, la Libye, le Soudan, la Tunisie, la Centrafrique, le Soudan du Sud, le Kenya, l’Egypte, le Nigéria, l’Ouganda. (Excusez du peu !)
Les violences sexuelles désignent tout acte, ou tentative d’acte de nature sexuelle non consenti, c’est-à-dire effectué sous la contrainte sur une tierce personne selon les spécialistes. Elles sont réprimées par l’ensemble des textes protecteurs des droits de l’Homme, comme la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples dont la Guinée a été l’un des pionniers dans l’élaboration et l’adoption.
Selon Gerardus Gielen, chef de délégation de l’Union européenne, « En Guinée, depuis 2011, l’Union européenne appuie la FIDH et ses partenaires de la société civile, l’OGDH, MDT et la plateforme des associations des victimes pour accompagner au mieux, non seulement les victimes de violences sexuelles perpétrées au stade du 28 septembre, mais également d’autres femmes victimes de violences et de discriminations ». Et d’ajouter que ces femmes dont beaucoup ont été abandonnées par leurs familles à la suite des évènements du 28 septembre attendent toujours justice leur soit rendue.
Parait que l’accès des populations à la justice, y compris les femmes victimes de violences sexuelles, est amélioré via le lancement en septembre 2015 des cliniques juridiques à Cona-cris et Zali city. A ce jour, 900 personnes ont reçu une assistance judiciaire, dont les victimes du 28 septembre. Même qu’il y a une assistance médicale et psychologique qui est apportée aux victimes. Elle est mise en œuvre dans le cadre d’une autre subvention de la FIDH avec un financement de l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’Homme (IEDDH). Ce qui a permis d’apporter des traitements spécifiques à des victimes des violations des droits de l’homme, notamment des violences sexuelles.
Même qu’au niveau institutionnel, 1 610 jeunes en situation de risque et des personnes vulnérables bénéficient d’un appui et d’un accompagnement pour développer des activités génératrices de revenu durable. Parmi eux, près de 1000 sont des femmes vulnérables (veuves avec enfants à charge, victimes de violation des droits, filles mères, victimes d’Ebola) qui ont été choisies grâce à un processus participatif et des consultations avec l’OGDH, l’AVIPA et l’association des victimes d’Ebola.
Dame Hafidha Chekir est vice-présidente de la FIDH et membre du bureau exécutif de l’association tunisienne des femmes démocrates : « Ce n’est pas un fait du hasard si nous nous retrouvons aujourd’hui à Conakry, dans cette ville où le massacre du 28 septembre 2009 reste dans toutes les mémoires. Le jour où la répression d’un meeting des forces vives au stade du 28 septembre a fait plus de 158 morts, plus d’une centaine de femmes violées, certaines séquestrées plusieurs jours dans les camps militaires. Ces personnes se battent depuis lors pour obtenir justice et réparations devant les juridictions de leur pays. En tant que défenseurs de droit de l’Homme, nous les accompagnons dans leur combat ». Rappelons que 8 ans après ce massacre, 14 personnes dont de hauts responsables politiques et militaires ont été inculpés. En fin novembre dernier, le pool de juges chargés du dossier a annoncé la fin de l’information judiciaire. Dame Hafidha Chekir, informe que la rencontre doit permettre d’identifier des actions à entreprendre « pour que ce procès hautement symbolique pour la Guinée, mais aussi pour l’Afrique, puisse s’ouvrir en 2018 ».