Après de multiples renvois, le procès opposant Paul Moussant Diawara, Sékou Cas-marrant et compagnie à l’agent judiciaire de l’Etat a enfin démarré ce mercredi 25 juillet au TPI de Kaloum. Ces deux anciens commis de l’Etat sont poursuivis pour détournement de derniers publics et complicité lorsqu’ils géraient respectivement l’OGP et l’OGC.
A cette audience, les avocats de la défense ont utilisé une dernière cartouche pour empêcher la comparution de Paul Moussant. L’introduction à la cour d’appel d’une demande de récusation du prési du tribunal. Mohamed le Shérif Sow, ne saurait aux yeux de l’accusé être impartial. Une sollicitation balayée par le mystère public et la partie civile : « Depuis le début de cette affaire, nous partons de moyens de défense en moyens de défense mal fondées. Une doléance qui n’est pas légale n’a pas le mérite de prospérer » estime un avocat de la partie civile. La défense se rétracte et retire sa doléance. Et les débats s’ouvrent.
A la barre Paul Moussant a rejeté catégoriquement les faits : « l’OGP est une société anonyme qui jouit d’une autonomie financière. Nous produisons ce que nous consommons, l’OGP ne reçoit aucun centime de l’Etat. J’ai géré l’Office en me basant sur les textes de lois et du système OHADA. Depuis 2014, le commissaire aux comptes a toujours approuvé et certifié les rapports ».
Pour cette première audience, les questions de la partie civile et du mystère public ont essentiellement tourné autour du rapport provisoire qui accable le prévenu. Selon ce rapport, 14 milliards de francs glissants auraient recouvrés par l’OGP auprès des différentes sociétés de téléphonie. Mais dont on n’aurait retrouvé que 600 millions de francs dans le compte de l’Office à la Banque centrale. Et suite à une invite de justification faite par un expert indépendant, Paul Moussant aurait indiqué dans son courrier réponse que les bordereaux de versement se seraient volatilisés. Sur ces 14 milliards, la commission de recouvrement se serait fait la part belle, 3 milliards de francs glissants pour cinq personnes. Deux milliards pour le seul Jean Ouendeno, chargé du contentieux à l’OGP. L’ex DG de l’Office se défend bon an, mal an : « L’argent n’appartenait pas à une personne mais à la commission ». Dans ces recettes, d’autres entités physiques ou morales auraient eu leur part : le cabinet EVENTUS (40%), l’huissier de justice et l’avocat de l’OGP (22%) et un partenaire tiers (10%). Paul Moussant est resté évasif sur cette répartition.
Il a également été question des 17 milliards de francs glissants que l’OGP aurait dépensés dans des voyages d’études et des frais de mission. Selon le rapport décrié par Paul Moussant et ses avocats, il y’a eu 232 actes de voyage en Europe, en Asie, au Canada… Trois voyages d’études au Maroc en avril, mai et juin 2015 ont coûté près de 200 milles euros. Une mission à Kaloum pour 35 millions, une à Coyah pour 25 millions, une autre à Dubréka pour 25 millions et une autre mission à Sangarédi pour 95 millions de francs glissants. « Est-ce que vous êtes à mesure de fournir toutes les pièces justificatives de ces dépenses ? » demande un avocat de la partie civile. « Ces documents seront difficiles à retrouver puisque je ne suis plus à l’OGP » rétorque Paul Moussant.
Pendant leurs interventions, les avocats de la défense se sont évertué à discréditer le rapport provisoire et l’expert indépendant Kayin Magassouba, qui selon eux, aurait audité l’OGP sans ordre de mission, mais également à justifier les dépenses effectuées par l’OGP entre 2014 et 2016.