Depuis l’ouverture des classes le 3 octobre dernier, le secteur éducatif guinéen est empêtré dans la crise. Les gens-saignants observent une crève générale et illimitée pour réclamer une misère de 8 000 000 de francs glissants comme salaire de base. Mais le goubernement et les grévistes n’arrivent pas à accorder leurs violons pour que les petits intellos reprennent le chemin de l’école. Même le semblant de dialogue entamé au mystère de la Ponction publique entre les protagonistes a rapidement été rompu. Depuis, l’Alphagouvernance a choisi la méthode forte en gelant les salaires et en dispersant à coups de matraques et de gaz lacrymogène tous les sit-in que les bouffe-la-craie ont organisés à Cona-cris et l’intérieur du bled. Ces derniers temps, le goubernement, le Cas-sorry Fofana et Mory Sangaré en tête, insinuent que la « rébellion » de Soumah et de ses lieutenants est maitrisée. Le dirlo de l’éducation nationale a même affirmé que les cours ont repris dans toutes les grandes écoles de la capitale. Ce que balaie du revers de la main le SLECG. Sur le terrain, même si elle n’est pas observée à 100%, la crève fait encore son effet. C’est notamment le cas aux lycées publics Lambanyi et Kipé et collège Kipé, dans la commune de Ratoma.

Ces établissements ont plusieurs points communs. Les responsables sont hostiles à tout homme de média. Et puis les proviseurs sont absents et les autres n’osent pas lever le petit doigt, sous prétexte qu’ils ne sont pas habilités à parler. Aucune statistique n’est disponible. Au lycée Lambanyi, sur un effectif de plus de 1000 élèves, moins de 300 étaient présents, la plupart déambulait dans la cour et la poignée de bouffe-la-craie présents bavardaient sous un manguier. « Tout va bien ici. Au lycée Lambanyi ça étudie depuis le 3 octobre. Nos classes fonctionnent matin et soir » s’exclame le censeur. Pourtant sur les 11 classes, seuls 5 fonctionnaient et ironie de sort, les petits intellos suivaient les mêmes cours de mathématiques dans 4 des 6 salles. Les propos du censeur contrastent surtout avec ceux d’autres bouffe-la-craie de l’établissement : « Vous pouvez vous en tenir à ce que les autorités vous disent, mais voyez vous-même la réalité. Moins de 150 élèves par rapport à l’effectif d’un lycée, tirez vous-même la conclusion. Moi j’ai arrêté de me fatiguer parce qu’à chaque fois il n’y a que 3 ou 4 élèves. De toutes les façons on sera obligé de reprendre à zéro quand les choses vont rentrer en ordre. Actuellement tout est mélangé, il n’y a pas d’emploi du temps » explique A. B Camara. Un autre cadre (en bois) de la direction de renchérir : « Je suis là depuis 1980, moi je n’ai pas peur qu’on m’enlève, mais comme chacun cherche à sauver son poste, je m’abstiens de donner les statistiques pour ne pas qu’on dise que c’est Lambanyi qui a parlé. La vérité est que les choses ne fonctionnent pas à 100%. C’est vrai que certains enseignants reviennent de temps en temps, mais beaucoup sont encore à la maison. Des contractuels qui se demandaient si l’Etat les prendraientt en charge ont même jeté l’éponge. Voilà la situation dans laquelle on se trouve ».

Au lycée Kipé, le proviseur était également absent, quelques élèves dans la cour et plus de la moitié des 32 salles de classe était vide. Pour justifier cette situation, le censeur a trouvé d’étranges excuses: « Nous sommes vendredi, les cours s’arrêtent généralement à midi. Revenez lundi ou mardi pour voir ».

Tout près au college Kipé, c’est pratiquement la meme situation. A part les classes de 10e, les autres salles étaient vides, les élèves se promenaient hors de la cour. Aboubacar Soumah et son groupe sont certes acculés, mais ils s’accrochent.

Yacine Diallo