Au sortir de leur rencontre, le ministre a confié que le dossier est géré avec professionnalisme et respect des droits de toutes les parties : victimes comme accusés. Me Sako dit avoir expliqué à la mission que l’instruction tire à sa fin, et une fois close, le procès suivra. Puis de réitérer : « c’est la Guinée qui va gérer ce dossier. J’entends dire que la CPI, que chacun garde son sang froid, on va s’occuper du dossier ».

Tabou ?

Après ce compte-rendu, les journaleux ont bombardé de questions Sako et ses hôtes. Premièrement, le ministère a-t-il reçu la liste des noms cité par Sékou Konaté ? « Je ne réponds pas à cette question ». Et d’inviter tous ceux qui ont des noms à écrire aux magistrats qui gèrent le dossier. Pourquoi Toumba a été extradé et se trouve en prison, alors que d’autres personnes inculpées sont en fonction ? « Je ne réponds pas à cette question ». Les journaleux enchainent. Est-ce que le procès aura lieu avant fin 2017 comme vous l’avez promis ? « Je ne réponds pas à cette question », dixit Sako, encore une fois. Puis ajoute : « on est en phase d’instruction, et vous posez des questions sur le procès. Forcément après l’instruction, il y aura un procès. On va déboucher sur un procès les derniers mois de l’année ». Il invite les gens à respecter la présomption d’innocence des personnes accusées. On peut imaginer que les juges d’instruction aient besoin d’une confrontation entre Toumba et Dadis. Quel rôle va jouer le ministère de la Justice pour ramener Dadis? « La justice est indépendante, donc le ministère n’a pas de rôle à jouer. Il appartient aux magistrats instructeurs de décider s’il y aura confrontation ou pas ». La journaleuse insiste : Toumba est revenu parce que le ministère a déposé un mandat rogatoire ? « Ce mandat date d’avril 2010, donc avant la troisième république », réplique Me Sako.

 Sako sermonne Sékouba

S’agissant de l’audition éventuelle de Sékouba Konaté qui ne compte parler que devant les juges de la CPI, le ministre répondra que ce n’est pas à lui de décider de la façon de mener la procédure. « Il sera entendu en tant que témoin. Après on verra ». Même que deux commissions rogatoires sont parties à Addis-Abeba et au Maroc pour l’interroger. La balle est dans donc son camp. Au lieu de parler à la presse, « il peut faire confiance à la justice de son pays ».

Coté émissaires de la CPI, Franco Matinala précise que son institution ne donne pas des ordres à la Guinée, mais accompagne une procédure nationale qui veut poursuivre et juger des crimes relevant des compétences de la CPI. « On apprécie les actes d’enquête posés, c’est aux Guinéens de faire la justice ». L’arrestation de Toumba est un pas positif, dit-il, parce que c’est quelqu’un qui a des choses à dire. Sékouba Konaté dit avoir transmis une liste à la CPI, est ce que c’est vrai ? Le Franco répondra qu’à ce stade, le dossier est entre les mains de la justice guinéenne. Il n’en dira pas plus. Pour cette 14è visite, la mission dit être satisfaite de certains actes qui laissent penser que la procédure s’achèvera dans un délai raisonnable. Mais Franco précise que la CPI s’attend à du « sérieux ».