Pour mieux saisir, voyons le divorce. Un homme intelligent, futé, ne voulant plus de son épouse, agit de manière si intelligente que c’est la femme qui demande la séparation, voulue en réalité par le mari. Le colonisateur, dès le départ a mis en place des instruments pour faire de nous des “ dérivés ”. Il a réussi, sans exagéré, à 80%. Les 20% restants sont des rocs, des locomotives immobiles. En marche, une seule peut tirer des dizaines de wagons lourdement bourrés. C’est pourquoi la puissance coloniale, consciente de cette silencieuse force, a demandé, exigé de ses valets de “ présidents de la république ” de ne pas faire de “ cadeau ” à ces personnes super compétentes et intellectuelles, profondément africaines. Cette acculturation, faite à dessin, est destinée essentiellement à faire consommer occidentale : livres, habitat, habillement, alimentation, système de raisonnement, plaisir, justice, formes de sociabilité…Pour réussir, le colon a commencé subtilement par minimiser, voire nier l’histoire africaine. L’auteur de cet article a appris par cœur, à l’époque, avec fierté, parce qu’ignorant : “ mes ancêtres étaient des gaulois, ils avaient les yeux bleus ”. La langue française était la clé du paradis, de la réussite. Il fallait absolument la maîtriser autant sinon plus que les français de France, comme le disent les ivoiriens, autant, sinon plus qu’un “ blanc teint clair ” par opposition à l’assimilé, au nègre. Pendant la période coloniale, les meilleurs étaient destinés à l’enseignement. A l’école parler français était obligatoire. Il existait un petit bois qu’on appelait “ symbole ”. Ce symbole était pendu au coup de cet enfant, cet élève qu’on a surpris en train de parler sa langue maternelle dans la cour de l’école. Les autres enfants, élèves, naïfs, se moquaient fièrement de ce porteur de symbole. Les livres de français dans toute l’Afrique occidentale française (A.O.F) étaient du même auteur. André Davesne, cet enseignant français, devenu inspecteur d’académie avait non seulement la maîtrise de la langue française et la pédagogie, mais connaissait profondément la société africaine. C’est à cet homme qu’on a confié la confection des ouvrages, livres de la langue française “ Mamadou et Bineta ” du CP1 au CM2. “ Mamadou et Bineta sont devenus grands ” est l’illustration de la fierté linguistique française, tant sur le plan sémantique, syntaxique que pédagogique. Ce véhicule de la civilisation française, a amené les africains à respectivement s’orienter vers l’enseignement, la magistrature et la médecine. Rares étaient ceux-là qui s’orientaient vers l’enseignement technique. A l’époque, les enseignants, références morales, intellectuelles et morales étaient respectés et matériellement, en dehors du salaire, assistés par les habitants alentour.

Au moment où ces colons étaient contraints d’accorder les indépendances, ils ont à dessein vicié les vertus humaines universelles qu’ils avaient enseignées et défendues pendant toute la période coloniale : le travail bien fait, le mérite, le respect des normes, de la différence…Pour ne pas perdre leurs privilèges et pour les diversifier et améliorer, ils ont installé des Chefs de l’Etat limités, fantoches, toujours vociférant des discours humanistes et progressistes, mais agissant de manière assassine. La mauvaise gestion et l’acculturation ont essentiellement caractérisé les capitales criminogènes, sortes et géants aux pieds d’argile. Les civilisations africaines ignorées et/ou méprisées ont facilité le “ bon vouloir ” occidentale. Les campagnes abandonnées au profit des villes dans lesquelles les corrompus de l’administration publique roulent dans des véhicules tout terrain, “ derniers cris ”.

Le vol est certes inacceptable, condamnable, mais leurs pires actions, leurs crimes, ces destructions culturelles, soutenues par certains occidentaux doivent amener, les lucides, les patriotes à réagir. Cette acculturation a généré des résistants extraordinaires tant sur le plan social, culturel que politique, qui sont pour le moment tapis.

La Guinée est le plus bel exemple du traumatisme politique et de la manipulation ethnique. Aujourd’hui ce pays doit montrer le chemin de la renaissance à l’Afrique brutalisée, humilié. Des commandos intellectuels, politiques sociaux vont bientôt sortir pour s’affirmer, inverser la criminelle tendance à tolérer ces présidents et acolytes qui ne respectent rien, même pas les règles et lois criminellement conçues et imposées par eux-mêmes.

Ils ne doivent pas laisser le pays entre les mains des voleurs, parce qu’ils ont tout investi dans l’éducation de leurs enfants, ont subis les humiliations et les injustices des compradores. Ils doivent se lever et apporter ce message.

“ Un peulh ne sera jamais un sousou, un soussou ne sera jamais un malinké. La forêt ne sera jamais la savane. Une voiture BMW ne sera jamais une Peugeot. La saison des pluies ne sera jamais la saison sèche ”.

Pour un pays, pour une république, la sécurité, la richesse, le bonheur ne s’obtiennent que lorsqu’on appliquera de manière impersonnelle, aveugle les normes qui gèrent une république. Ce changement bénéfique sera pour bientôt. En physique on affirme que plus la pression est forte plus l’explosion sera grande. La jeunesse consciente, patriotique provoquera cette explosion des 63 ans (1956-2019) de pression.

Diallo I