D’abord le commissaire Charles André Soumah, directeur adjoint du département Communication et information, déverse son venin. Il parle du Bakary sans Bakary à la CENI. Le 21 octobre, M. Soumah a adressé un courrier à son collègue Aziz Kader Camara, directeur du département des Démembrements et président du Comité des sages de la plénière (un machin qui apaiserait les frustrés de l’institution), pour dénoncer le président de la CENI, Me Amadou Salif Kébé. Il accuse ce dernier et le secrétaire général d’avoir mis au placard des recommandations faites par tous les commissaires après une assise. « J’ai constaté comme bien d’autres commissaires ces derniers temps une accélération de plus de 100km à l’heure de la vitesse du véhicule de la mauvaise gouvernance. Le passage de la tornade Bakary Fofana cède le passage à l’ouragan du nouveau président maitre Amadou Salif Kébé. L’ethnocentrisme, le clanisme, le favoritisme, l’exclusion, l’impunité, ont encore élu domicile dans cette institution qui est victime de tous les noms d’oiseaux venant de nos partenaires sociaux et politiques. Ce que nous sommes en train de vivre actuellement à la CENI se passe de commentaire. Le comportement de certains cadres de la CENI est véritablement une désolation pour notre OGE », martèle-t-il. Le commissaire Charles André Soumah demande au président du Comité des sages d’interpeller les commissaires, le président de la CENI et principalement le secrétaire général, « cheville ouvrière de l’immobilisme dans l’exécution des décisions prises à la CENI ». Il exhorte ses collègues commissaires à renoncer aux mauvaises pratiques qui ternissent l’image de l’institution. Mais dans sa lettre, M. Soumah n’avance aucune preuve pour asseoir ses accusations et invite le président de la CENI, Me Amadou Salif Kébé, à éviter la « promotion de la médiocrité, au respect du serment, et à bâtir une bonne administration au sein de la CENI ».
Parait que les raisons de la colère de M. Charles André Soumah sont loin d’être un souci de bonne gouvernance. Il ne digère pas du tout la nomination d’Aly Bocar Samoura, pour remplacer feu Maxime Koïvogui, au poste de directeur du département Communication et Information. Puisqu’il est le directeur adjoint de ce département depuis cinq ans. A la mort du directeur, il se croyait le replaçant légitime. Charles considère Aly Bocar Samoura comme un « profane et inexpérimenté ». Cela se comprend dans sa lettre quand il écrit : « Je vous prie humblement que je puisse être rétabli dans mes droits sans aucune forme de procès ». Une demande curieuse, car ce comité de sages n’a aucune base légale et ne peut influencer le pouvoir discrétionnaire du président de la CENI, Me Amadou Salif Kébé.

Ramatoulaye Bah rouspète

Le 23 octobre, à son domicile privé à Kaporo, la commissaire Hadja Ramatoulaye Bah a animé un point de presse pour, elle aussi, protester contre une décision du président de la CENI qui, sur demande de l’UFDG, lui a retiré la gestion des démembrements de Pita et de Dalaba. « Je n’accepte pas la raison donnée par le Président car elle me prive de mon indépendance et m’empêche de respecter le principe à valeur d’égalité entre les partis. Dois-je recevoir des instructions d’un parti et obéir à ses désirs ? Je dis haut et for, Non », déclare-t-elle. Sauf qu’elle est accusée par la fédération UFDG de Pita d’ingérence dans l’installation des membres des démembrements de la CENI. « A Pita, j’avais rejeté la liste établie par l’UFDG où il (le parti UFDG), s’attribuait 16 places sur 27 alors qu’il y avait six partis représentés. Lorsqu’ils se sont réunis à ma demande pour se repartir équitablement les 27 places, ils ont eu un consensus avec toujours une légère marge pour l’UFDG », a révélé Mme. Bah. Le président de la délégation spéciale de Pita aurait demandé à la CENI de ne pas envoyer Hadja Ramatoulaye Bah dans sa ville, elle est à la base du retard accusé. La CENI a accédé à cette demande et a affecté Mme. Bah à Coyah. Elle rouspète qu’à l’instar des autres commissaires, elle a été affectée sur une base consensuelle comme superviseur sur l’axe Dalaba-Pita en septembre 2015. « Le président de la CENI dit que je ne dois pas aller à Pita ni à Dalaba. Sa raison, il veut continuer à apaiser le climat politique, surtout qu’à présent la CENI a bonne presse. C’est aussi pour ma propre sécurité, car lui et d’autres ont reçu entre mercredi et jeudi matin, des menaces sur mon intégrité physique. A part la menace, un commissaire a dit ouvertement qu’en fait, il faut ménager l’UFDG, le plus grand parti de l’opposition. C’est la raison principale qui les poussent à m’enlever sur l’axe du Fouta », insiste-t-elle. Toutefois, Hadja Ramatoulaye Bah reconnaît qu’en vertu du règlement intérieur de la CENI, le président désigne les axes des commissaires et peut procéder à des changements à leurs demandes.
Dans la matinée de ce 23 octobre, les honorables Ibrahima Sila Bah du PGRP, époux de Hadja Ramatoulaye Bah et Mouctar Diallo des NFD sont partis à la CENI pour connaître les raisons de la mutation de Mme. Bah. Le président de la CENI est resté de marbre.