A quelques jours de la fête de ramadan, les marchés de Cona-cris enregistrent comme à l’accoutumée une très grande affluence. A cela s’ajoutent des embouteillages qui empêchent les gens de vaquer tranquillement à leurs occupations. Au marché Madina, vendeurs et acheteurs se bousculent mais bon nombre des détenteurs de boutiques, magasins et autres étals écoulent difficilement leurs articles. Les vendeurs se plaignent de l’absence d’acheteurs. Les acheteurs eux fustigent l’augmentation exorbitante des prix.

Hasso Barry, vendeuse de Bazins, assise devant sa boutique s’en alarme : « je revends les bazins depuis 10 ans, des habits de Dakar et des chaussures de Dubaï. Mais la faible affluence que je constate cette année, c’est du jamais vu. Depuis le début du mois de ramadan, je n’ai pas vendu plus de dix complets. J’ai engagé tous mes revenus dans l’achat de cette marchandise, mon seul souci maintenant est de savoir comment écouler toute cette marchandise pour ne pas que mon argent se perde. Les années précédentes, les clients venaient s’endetter, après la fête ils remboursaient petit-à-petit. Mais cette année ils ont même peur de prendre à crédit ».

Même son de cloche chez Salematou Bangoura, une vendeuse d’habits prêt-à-porter. Elle confie qu’il est  difficile que les clients achètent des articles coûtant 50 000 GNF (NDLR: environ 5 euros) à plus forte raison ceux de 100 000 GNF. « Nous prenons une douzaine de ces prêt-à-porter à 1 million ou 1 million 200, pour revendre une robe à 120 000 GNF. Nous cherchons juste 5000 ou 10 000 comme bénéfice. Mais avec toute cette galère, je peux rester avec cette douzaine des jours sans revendre une seule robe. L’année dernière, je pouvais revendre 3 à 4 douzaines en une journée ». Cette commerçante se demande même comment trouver de quoi habiller ses enfants, mais surtout quoi mettre dans la marmite le jour de la fête.

Un autre vendeur de chaussures, qui requiert l’anonymat, a affirmé que l’augmentation des prix de dédouanement est l’unique facteur de la flambée des prix sur le marché. « Si l’Etat accepte de diminuer le prix de dédouanement, tous les prix vont diminuer. Nous qui achetons en gros les marchandises, si le dédouanement est coûteux, nous serons taxés et serons obligés de revendre cher pour gagner notre bénéfice ».

Coté acheteur, les cris de cœurs des nounous ne tarissent pas. Mère de quatre enfants, dame Amie Diané, venue acheter des habits pour ses enfants, se dit perdue dans le marché Madina. « Je suis là depuis 10h, je tourne en rond dans tout le marché. Tout coute cher, je me demande que faire avec mon argent ».