L’affaire Aboubacar Sidiki Mara a connu son épilogue ce jeudi 28 juin au TPI de Dixinn. Le secrétaire gênant de l’UGTG, Union générale des travailleurs de Guinée a été condamné à 6 mois d’emprisonnement dont 4 avec sursis. Le syndicaleux était accusé par le parquet général de Dixinn de manifestation illicite et attroupement non armé dans les extensions d’une société minière ou portuaire dans la zone de Boké. Pour retenir le syndicaleux dans les liens de la culpabilité, il a fallu requalifier les chefs d’accusations en « Provocation d’un attroupement non armé dans les extensions d’une société minière« .
Chez les avocats de la défense, c’est la déception. Maître Paul Yomba Kourouma accuse une nouvelle fois l’exécutif guinéen d’avoir mis la justice aux pas: « La démocratie dans notre pays vient de prendre un coup, d’autant plus que le pouvoir judiciaire se voit fondu dans le pouvoir exécutif. Les magistrats ont cessé d’exercer leur liberté, de jouir de leur indépendance. Les faits pour lesquels Aboubacar Sidiki Mara a été envoyé devant cette juridiction ont été requalifiés, c’est dire que des préventions à la juridiction de jugement, en passant par le cabinet d’instruction et le parquet, aucune accusation ne tenait la route. Nous avions dit que ce dossier ne contenait rien sinon qu’un squelette macabre. Cette requalification ne tient pas la route parce qu’Aboubacar Sidiki Mara n’est en rien concerné par ces accusations. Les organisations de défense des droits de l’homme, les avocats, les citoyens savent que ce dossier fait l’objet de dénonciation et fait honte à notre pays ».
Pourtant, vu les débats, les avocats s’attendaient à la libération du secrétaire gênant de l’UGTG : « Nous sommes très déçus, mais pas surpris parce que nous avons une magistrature aux ordres. Il y a une coopération entre les magistrats de parquet et ceux du siège. Nous avions cru que cette juridiction aurait, au regard des débats qui ont été menés, renvoyé purement et simplement notre client des fins de la poursuite dès lors que sa détention même était illégale ». Mais le dossier n’est pas totalement clos. Les avocats de Sidiki Mara jurent qu’ils vont interjeter appel dans les prochains jours. En attendant, le syndicaleux retournera à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Du moins jusqu’au 8 juillet prochain, histoire de finir les deux mois de prison que le juge Thierno Souleymane Barry lui a infligés.
Sidiki Mara a été mis aux arrêts dans la nuit du 6 mai dans un hôtel à Boké, alors qu’il était en mission syndicale, avant d’être parachuté à Cona-cris sur ordre du gouv de la région.