Le SLECG (Syndicat libre des enseignants et chercheur de Guinée) n’abdique pas. Ce lundi, les gens saignants ont tenté de tenir un sit-in devant la Primature. Ils réclament le dégel de leurs salaires et l’ouverture d’un couloir de négociation autour des 8 millions de salaire de base. La devanture de la primature bouclée par les forces de l’ordre, les enseignants ont marché à travers les quartiers de Kaloum au rythme de : « Non à l’intimidation ! A bas le gel des salaires ! Libérez nos camarades ». Au quartier Sandervalia, alors que les marcheurs se dirigeaient vers le tribunal de Kaloum, les farces de l’ordre ont pulvérisé du gaz lacrymogène, histoire de disperser ce remuant cortège. Beaucoup d’enseignants se sont réfugiés dans les maisons des riverains. Chaque fois que policiers et gendarmes s’éloignaient, les enseignants sortaient pour se remobiliser avant d’être rapidement dispersés. Tout regroupement était systématiquement empêché. Même à l’arrêt de taxi, des gendarmes ont sommé les gens de quitter les lieux. « Vous n’avez pas honte, vous devez plutôt aider à ce que les enfants reprennent les cours », a lancé une dame.
« Nous manifestons contre la violation de la liberté syndicale, le gel des salaires, les arrestations arbitraires. Nous tenons à ce que les gouvernants trouvent solution à notre problème. Nous allons multiplier les sit-in pour obtenir gain de cause », a indiqué Amara Mansa Doumbouya de la cellule de communication du SLECG. Même s’ils ne sortent pas manifester avec les enseignants, des habitants de Kaloum soutiennent ces grévistes. « Je ne comprends pas ce gouvernement. Cela fait deux mois que les enfants ne vont pas régulièrement à l’école, mais il ne fait rien pour résoudre le problème. Il préfère l’arrogance ». Une dame d’enchainer : « Pourquoi gazer des gens qui manifestent pacifiquement ? Au lieu de payer les enseignants le Président préfère financer un concert. Il n’a pas le souci pour l’avenir des enfants ». Les occupants des bureaux et autres banques du centre administratif de Kaloum ont eu leur dose de gaz. Pendant plusieurs heures, les gens saignants et forces de l’ordre ont joué à cache-cache dans les quartiers de Kaloum. Rassasiés de gaz, les grévistes se sont retrouvés au siège de l’USTG (Union syndicale des travailleurs de Guinée) à Boulbinet. Quelques bouffées d’air frais plus tard, nos syndicaleux se sont rendus au tribunal de Kaloum pour supporter leurs camarades arrêtés le 22 novembre dernier et jugés aujourd’hui. Là, aussi, les farces de l’ordre ont sévi. Un enseignant a été arrêté, le groupe dispersé.
Mamadou Adama Diallo